Depuis le 15 juin, l’hôpital Foch propose aux fumeurs et anciens fumeurs un programme complet dédié aux maladies respiratoires. En complément de la filière SOS Diagnostic Poumon, créée en 2018 pour réduire les délais de prise en charge des patients présentant une anomalie pulmonaire, un programme pilote de dépistage précoce des maladies cardio-respiratoires via un scanner thoracique à faible dose est mis en place.
« Il manquait à notre filière la première brique, celle du dépistage du cancer pulmonaire et des maladies cardio-respiratoires liées au tabac. On a désormais l’ensemble de la chaîne depuis le dépistage à la prise en charge, avec l’infrastructure et les compétences nécessaires », se félicite auprès du « Quotidien » le Dr François Mellot, chef de service de l’imagerie médicale à l’hôpital Foch.
L’hôpital Foch s’engouffre ainsi dans la brèche ouverte par l’Institut national du cancer (Inca) et la Haute Autorité de santé (HAS) qui se sont prononcés pour le déploiement de programmes pilote de dépistage précoce du cancer du poumon. Leur position fait suite à la publication de deux grandes études qui ont démontré l’intérêt du scanner thoracique à faible dose.
Un programme pilote de dépistage précoce
Après l'étude NLST et surtout Nelson qui a fini par convaincre la HAS, plusieurs expérimentations ont été entreprises : en Corse par le Centre régional de coordination des dépistages des cancers, en Île-de-France par le centre hospitalier Saint-Joseph (étude Detector), le centre hospitalier intercommunal de Créteil (étude Lumascan) et l'AP-HP (étude Cascade chez les femmes), et dans la Somme par le centre hospitalier d'Abbeville.
À Foch, la méthodologie du dépistage s’appuie sur les données des deux essais internationaux et sur les recommandations de la Société d’imagerie thoracique (juin 2023) qui proposent des « grilles de lecture rigoureuses avec une double lecture pour réduire le nombre de faux positifs », souligne le Dr Mellot.
Sont éligibles les personnes asymptomatiques, fumeurs et anciens fumeurs (ayant interrompu leur tabagisme depuis moins de 15 ans), âgés de 50 à 80 ans et ayant au moins 20 paquet-années de tabagisme cumulé. « Il est important que ce ne soit pas les patients qui viennent d’eux-mêmes, mais qu’ils soient adressés par un médecin (généraliste, pneumologue ou cardiologue) », insiste le radiologue.
Bilan d'opérabilité en 15 jours
L’originalité de l’initiative lancée à Foch est son couplage avec la filière SOS Diagnostic poumon, qui vise à accélérer la prise en charge des patients présentant une anomalie pulmonaire. Ces patients sont trop souvent confrontés à des délais d’environ 50 jours entre le premier examen d’imagerie et la mise en place de la chimiothérapie, et plus de 60 jours si le traitement est chirurgical. L’objectif de la filièreest de fournir au patient un bilan d’opérabilité en 15 jours, explique le Dr Mellot. Avec l’arrivée du dépistage précoce, l’entrée dans la filière sera l’occasion de confirmer le diagnostic ou d’éliminer les faux positifs.
« Notre ambition est de ne pas se limiter au dépistage mais de proposer une prise en charge complète », poursuit-il. Pour couvrir l’ensemble de la chaîne, les services d'imagerie, de pneumologie, d’oncologie, de chirurgie thoracique, de cardiologie et de tabacologie sont mobilisés. La démarche ne cible pas seulement le cancer du poumon, mais toutes les pathologies liées au tabac. « Le scanner, même à faible dose, permet de voir d’autres pathologies secondaires : emphysème pulmonaire, calcification dans les coronaires/coronaropathies ou encore ostéoporose », indique le Dr Mellot. Chaque patient positif sera orienté vers la filière adéquate au sein de l’hôpital : oncologie thoracique, cardiologie, pneumologie ou rhumatologie.
Affiner les modalités de dépistage
Une aide au sevrage est proposée à tous les patients et un nouveau dépistage programmé pour les patients négatifs. La question de l’intervalle entre deux dépistages est un enjeu des expérimentations en cours, les résultats des études n’ayant pas permis de trancher entre un examen renouvelé tous les ans ou tous les deux ans.
Un des objectifs de ce programme pilote est de fournir des données en vie réelle. « Nous allons mener une étude de faisabilité d’un dépistage dans un centre expert pour répondre à plusieurs questions en suspens : quelle sera l’adhésion des patients ? Celle des médecins de ville pour l’adressage ? Quel sera l’engagement dans la durée pour effectuer des contrôles réguliers ?, détaille le Dr Mellot. Pour les pathologies annexes au cancer, les données seront inédites ».
En deux ans, l'équipe prévoit d’effectuer un dépistage pour 2000 patients. Depuis le lancement en juin dernier, 50 patients ont déjà été inclus dans le programme, dont un a reçu un résultat positif.
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