Le fait est connu et prouvé. La prescription de corticoïdes chez une femme enceinte risquant d’accoucher avant la 34e semaine protège bien le bébé des pathologies respiratoires. Mais au-delà de ce terme, la question est moins bien résolue, allant plutôt dans le sens de l’absence de résultat thérapeutique. Il faut dire que le sentiment général est que la petite prématurité est à moindre risque. Dès lors, une équipe de Recife au Brésil, a voulu en avoir le cœur net. Ces médecins, Ana Maria Feitosa Porto et coll., ont mis en place une étude clinique en triple aveugle avec tirage au sort. Elle confirme l’absence d’intérêt de la corticothérapie sur le risque respiratoire, à ce terme.
Entre avril 2008 et juin 2010, l’équipe a enrôlé 320 femmes à risque d’accouchement prématuré imminent, entre la 34e et la 36e semaine. Ces femmes ont été réparties en deux groupes, l’un de 163 personnes, qui ont reçu 12 mg de bêtaméthasone I. M. deux jours de suite, et l’autre de 157 personnes mises sous placebo. L’analyse finale a porté, respectivement, sur 143 et 130 bébés. Deux ordres d’objectif ont fait l’objet du travail, les troubles respiratoires, tout d’abord, les conséquences hospitalières, d’autre part.
Le taux de syndrome de détresse respiratoire est faible dans les deux groupes avec 1,4 % sous corticothérapie contre 0,8 %. À l’inverse, la fréquence de tachypnée transitoire est élevée avec respectivement 24 % (n = 34) et 22 % (n = 29). Le risque de morbidité respiratoire ajusté est estimé à 1,12.
Au plan des critères hospitaliers, dans les deux groupes le recours à la ventilation assistée a concerné 20 % des nouveau-nés. La morbidité néonatale globale est jugée similaire dans les deux groupes avec 62 % (n = 88) et 72 % (n = 93), respectivement. De même, les durées d’hospitalisation sont similaires avec 5,12 et 5,22 jours. La seule différence notable porte sur l’ictère néonatal nettement moindre sous corticoïdes in utero, le risque relatif passant à 0,63.
Outre l’absence d’activité thérapeutique des corticoïdes sur les pathologies respiratoires en cas de faible prématurité, les auteurs font d’autres constats. Même si la mortalité des prématurés nés entre 34 et 36 semaines apparaît faible, la morbidité est loin d’être négligeable. Ils confirment bien que tout doit être mis en œuvre pour prolonger la grossesse, en respectant des limites de sécurité… à établir.
Enfin, les Brésiliens admettent que leur travail ne reflète que la pratique d’un seul centre. Mais ils comptent sur une vaste étude que vient de lancer le ministère de la santé américain (NIH) sur le même thème. Il s’agit d’enrôler 2 800 femmes qui recevront des corticoïdes alors qu’elles sont à risque d’accouchement prématuré de fin de grossesse. Jusqu’à connaissance de ces résultats, l’équipe juge inutile cette prescription en prévention des pathologies respiratoires chez des bébés nés entre 34 et 36 semaines d’aménorrhée.
« British Medical Journal », doi:10.1136/bmj.d1696.
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