Cet été, la Haute autorité de santé (HAS) a édité les premières recommandations de vaccination anti-VRS des adultes de plus de 60 ans. En résumé, cette vaccination est recommandée chez tous les plus de 75 ans. La vaccination est aussi recommandée chez les plus de 65 ans présentant des pathologies respiratoires chroniques — en particulier une BPCO — ou cardiaques — en particulier une insuffisance cardiaque — susceptibles de décompenser lors d’une infection à VRS. Dans ces indications, les deux vaccins, Abrysvo (Pfizer) et Arexvy (GSK), sont utilisables. Actuellement, il n’est pas recommandé de faire un rappel l’année suivante, les données suggérant que deux vaccinations deux ans d’affilée ne font pas mieux qu’une seule dose administrée la première année. Enfin la HAS précise que la coadministration avec le vaccin grippal tétravalent est tout à fait possible.
Quand la France patine
« Aujourd’hui, il n’y a pas de politique vaccinale digne de ce nom en France, en l’absence de politique territoriale organisationnelle, martèle le Pr Gaetan Gavazzi (CHU de Grenoble). Alors que lorsqu’on organise la vaccination, nombre de volontaires adhèrent. Dans d’autres pays, comme le Portugal et le Royaume Uni, la mise en œuvre d’une politique vaccinale pour la vaccination contre la grippe a permis d’obtenir des couvertures à plus de 75 %, et de près de 80 % pour le Zoster au Royaume Uni pour les personnes âgées de 79 ans. C’est un premier handicap dans le déploiement du vaccin anti VRS chez le sujet âgé en France. »
Une autre problématique : les indications retenues, avec une vaccination sans condition passés 75 ans, mais limitée aux sujets présentant des comorbidités respiratoires ou cardiaques entre 65 et 75 ans. « Le risque (comme pour le vaccin antipneumococcique) est que le message soit complexe à faire passer. Difficile de lancer un slogan simple destiné au grand public… Entre 65 et 75 ans, c’est au médecin traitant de peser l’intérêt de la vaccination », souligne le Pr Gavazzi. Des recommandations un peu complexes donc, alors que dans nombre de pays, seul l’âge a été retenu : en l’occurrence soit 60 ans aux États-Unis ou en Autriche, soit 75 ans comme au Royaume Uni.
Des données à mettre à jour
Le choix de la HAS repose sur l’insuffisance des données sur le rapport bénéfice/risque en population sur les hospitalisations et les décès dans cette tranche d’âge. Au moment de la rédaction de son rapport, ces données n’étaient pas disponibles et le bénéfice en l’espèce est alors retenu comme faible. « Mais, aujourd’hui, on possède ces données, qui montrent que la vaccination réduit les hospitalisations dès 65 ans. Il faut donc rapidement procéder à une réévaluation du bénéfice risque du vaccin, pour simplifier le message en espérant que le mal ne sera pas fait », plaide le Pr Gavazzi.
Une sous-estimation du risque
« On a aussi une vision très parcellaire des infections à VRS chez les sujets vieillissants, puisque jusqu’à il y a peu, on ne faisait pas de tests VRS, souligne le Pr Gavazzi. L’impact de ce virus chez le sujet âgé dépasse les hospitalisations et décès. Une étude hollandaise a montré il y a deux ans qu’en post VRS, dans les deux tiers des cas on a une perte performance physique allant jusqu’à une dépendance (appelé abusivement chez nous perte d’autonomie) chez ces sujets âgés. »
Le pneumologue déplore aussi un dernier point limitant : le coût de la vaccination. On ne connaît pas encore le prix de ces vaccins, mais on parle d’environ 200 euros. Et la HAS n’ayant délivré qu’un ASMR 5 « ce qui peut paraître surprenant car cela signifie une absence de progrès thérapeutique », note le Pr Gavazzi, ces vaccins pourraient n’être pris en charge par l’Assurance-maladie qu’à près de 30 %. Ce qui laisse un reste à charge non négligeable, qui va indéniablement constituer un frein supplémentaire.
Entretien avec le Pr Gaetan Gavazzi (CHU de Grenoble)
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