La Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ESCMID), en association avec la société européenne des maladies respiratoire (ERS), vient de publier les premières recommandations européennes sur la prise en charge des aspergilloses chroniques. Ces infections fongiques se déclarent généralement chez les patients dont les poumons sont déjà endommagés, avec un taux de décès à 5 ans de 80 %. On estime qu’environ 240 000 personnes sont infectées en Europe, et 3 millions dans le monde.
L’aspergillome intra-cavitaire est la forme la plus commune, au cours de laquelle les champignons s’installent dans une cavité pré-existante. Ces formes sont évolutives et peuvent déboucher vers une fibrose pulmonaire ou, plus rarement, vers des nodules pulmonaires.
Plus rare, l’aspergillose invasive évolue en moins de 3 mois et est souvent fatale. Cette forme est souvent retrouvée chez les patients immunodéprimés.
Les stades précoces méconnus
« Les stades les plus avancés de la pathologie sont bien connus des pneumologues, rappellent les deux sociétés savantes, mais les stades précoces sont moins bien décrits. » Il n’existe notamment pas de traitement autorisé en Europe pour les stades précoces, et peu recherches ont été menées pour la mise au point de traitement et de tests diagnostics.
Les experts européens expliquent qu’un diagnostic d’aspergillose chronique peut être posé s’il existe une combinaison, pendant plus de trois mois, de plusieurs signes cliniques : une ou plusieurs cavités pulmonaires avec ou sans boule fongique, la présence de modules pulmonaires sur les radiographies thoraciques ou la présence d’Aspergillus dans des cultures issues de biopsies. Des indices peuvent aussi être fournis par une réaction immunologique positive à l’Aspergillus : la présence d’anticorps dirigés contre l’Aspergillus est en effet élève chez environ 90 % des patients.
Les auteurs recommandent l’excision des aspergillomes simple si la procédure est techniquement possible, si possible. Pour les aspergillomes intracavitaires, une thérapie anti-fongique à long terme peut diminuer les symptômes respiratoires, stopper l’hémoptysie et prévenir le risque de progression. Un tel traitement suppose un contrôle strict des niveaux sériques d’azole.
L’hémoptysie peut en outre être contrôlée grâce à l’acide tranexamique ou l’embolisation d’une artère bronchique. Pour les patients ayant un unique nodule, le traitement antifongique seul est une option possible.
L’ERS et l’ESCMID ont travaillé pendant deux ans pour écrire ces recommandations. L’ESCMID travaille en outre à une réécriture des recommandations des aspergilloses invasives.
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