• Excès d’entraînement
Comme les athlètes, les musiciens répètent inlassablement les mêmes mouvements. D’où un risque d’hypersollicitation qui se traduit par des douleurs musculaires et articulaires. On peut observer tendinites, ténosynovites et troubles neurologiques. C’est l’« overuse syndrome » des Anglo-Saxons. Une cause bien légitime d’anxiété chez les musiciens : une étude a montré qu’un panel d’auditeurs fait la différence entre les mains de pianistes affectées ou non affectées par ce syndrome.
• Dystonies focales
Les dystonies peuvent être dévastatrices pour les musiciens qui doivent accomplir des mouvements répétitifs très précis des mains. La main droite est touchée chez les pianistes et les guitaristes, la gauche chez les utilisateurs d’archet. Les joueurs de cuivres peuvent avoir des dystonies de l’embouchure.
Le pianiste Leon Fleischer, atteint d’une dystonie focale de la main droite (main du pianiste) a passé trente ans de sa vie à ne jouer que de l’autre main, se recentrant sur les uvres pour main gauche.
• Problèmes dermatologiques
Des heures de contact étroit avec un instrument peuvent provoquer des dermatites. Parmi les coupables, le nickel des trompettes, l’acier chromé et le cuivre des cordes de guitare, les becs de flûte, les embouchures en cuivre, l’anche des saxophones et des hautbois...
Les marques brunes qui l’on remarque sur la partie gauche du cou des violonistes (connu sous le nom de « cou du violoniste ») sont le résultat de d’une sensibilisation cutanée plus de la pression, plus de l’humidité. Le « menton du flûtiste » peut résulte de la friction et de la salivation. Dans les deux cas, on peut résoudre le problème en se laissant pousser la barbe mais il reste à trouver une solution pour les femmes. Bien plus rares, mais ayant fait l’objet de descriptions, sont « le mamelon de la guitariste », « le scrotum du violoncelliste ».
Les guitaristes et les harpistes peuvent développer des callosités, des hématomes sous-unguéaux, des paronychies. Les nodules de Garrod (épaississements de la face externe des interphalangiennes qui miment les nodules de Bouchard ou d’Heberden) se voient chez les joueurs de cordes.
L’instrument lui-même peut souffrir : une sudation extrême peut entraîner la décoloration des instruments laqués ; on a aussi décrit des cas d’érosion de flûte et de trombone.
Trouble maxillo-faciaux
Les musiciens peuvent avoir des problèmes orthodontiques spécifiques. Les pressions exercées sous la mandibule gauche des violonistes peuvent être associées à des dysfonctions de l’articulation temporomandibulaire, source de crépitation, douleurs et bruxisme : 73 % des violonistes grinceraient des dents. On peut observer des troubles temporomandibulaires et même un repositionnement des dents de devant chez les joueurs de cuivres.
Signalons aussi la rupture de l’orbiculaire de la bouche (syndrome de Satchmo ? d’après le « Satchelmouth » de Louis Armstrong).
• Troubles laryngopharyngés
Pour produire des notes très basses ou très hautes, les joueurs de hautbois, de cor ou de trompette font des manuvres de type Valsalva à haute pression et faible volume. Une haute pression peut provoquer une incompétence laryngée avec langage nasonné, régurgitations liquidiennes et étranglements pendant l’exécution des morceaux. Le traitement peut nécessiter une thérapie du langage, des lipoinjections dans le palais voire des greffons en Teflon.
On peut aussi voir des laryngocèles, hernies du saccule laryngé vestigial. Ils se manifestent par un gonflement cervical lorsque le musicien joue. Ils sont associés à un risque de carcinome laryngé.
• Problèmes cardio-vasculaires
En dehors de la tachycardie sinusale liée à l’anxiété de la performance, il a été décrit des cas de pacemaker atrial erratique au cours de récitals. À signaler des cas de dissection carotidienne. Les manuvres de Valsalva chez les joueurs de cuivre ont été associées à des modifications de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque, mais aussi à des hématomes extra-duraux, des accidents ischémiques transitoires liés à un foramen ovale permettant le passage de micro-embols par effet de shunt droit-gauche.
• Troubles respiratoires
Les joueurs d’instruments à vent ont une baisse des fonctions pulmonaires, probablement en raison d’un barotraumatisme ou de l’apparition d’un asthme. À l’inverse, chez les adolescents, les instruments à vent semblent réduire les symptômes de l’asthme.
• Problèmes ophtalmologiques
Chez les joueurs de hautbois ou de trompette, on a observé une hyperpression intraoculaire, ce qui peut conduire à une perte accrue du champ visuel.
• Surdité, acouphènes
Les musiciens qui jouent dans un orchestre ont une perte auditive qui est le double de la perte normale pour l’âge. La prévention repose sur l’usage de bouchons pour oreilles et la disposition des joueurs dans l’ensemble instrumental.
Sarah Bache et Frank Edenborough. BMJ du 20-27 décembre 2008, pp. 1 458-60.
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