LE DR ROGER ESCAMILLA a rappelé qu’environ 3,5 millions de Français sont atteints de BPCO, avec une mortalité qui augmente régulièrement depuis vingt ans : en 2000, on a dénombré 16 000 décès, ce qui est supérieur à la mortalité due aux accidents de la route. Tout cela devrait inciter à une reconnaissance du danger mais ce n’est pas le cas : 50 à 75 % des personnes atteintes de BPCO ne se savent pas malades et le pourcentage de diagnostiqués n’est que de 16 % chez les patients présentant une toux persistante et productive depuis au moins deux ans. Comment expliquer cela ?
La force des idées reçues et des habitudes.
Si le tabac est en cause dans 80 % des cas, cela ne doit pas faire oublier que les expositions professionnelles expliquent la plupart des autres cas. Surtout la mobilisation contre le tabagisme ne doit pas faire oublier l’importance du dépistage précoce.
Par ailleurs, il faut lutter contre des idées reçues : les patients atteints de BPCO ne sont pas tous des hommes qui toussent et crachent ! Des femmes encore jeunes peuvent être atteintes, comme le rappelle l’un des témoignages au cours de cette journée.
Enfin, la BPCO qui se développe progressivement et souvent à bas bruit, peut-être masquée par des pathologies associées, à commencer par les maladies cardio-vasculaires avec lesquelles elle partage de nombreux facteurs de risque. Ainsi, une étude a montré une prévalence d’un trouble ventilatoire obstructif chez 19 à 33 % des patients ayant une maladie cardio-vasculaire, trouble méconnu dans 60 à 87 % des cas. D’où l’appel des cardiologues présents qui est donc clair : devant une dyspnée, il faut certes penser à éliminer une cause cardiovasculaire, mais aussi penser à mesurer le souffle, surtout chez une femme de plus de 40 ans ; un appel qui s’adresse aux cardiologues comme aux généralistes.
Tout pour favoriser le dépistage précoce.
En réalité, pour favoriser le diagnostic précoce, on a besoin du concours de tous : à commencer par le public qui doit être mieux informé, et par le pharmacien qui joue un rôle essentiel dans la prévention mais aussi dans le dépistage, car de nombreuses personnes demandent son conseil pour traiter une toux.
Le pharmacien adressera les cas suspectés au généraliste qui posera le diagnostic, en sachant que celui-ci devra être confirmé par une EFR complète, donc par le pneumologue.
Le Dr Escamilla reconnaît que cette étape, indispensable pour le diagnostic et l’évaluation de la sévérité, pose problème car l’accès au pneumologue est parfois difficile, alors que les alternatives (mesure du souffle par les généralistes) ne font pas l’unanimité.
Prise en charge active et multidisciplinaire ?
Mais le dépistage précoce n’est pas une fin en soi, un traitement multidisciplinaire devrait être instauré en fonction de la sévérité. Dans tous les cas, l’éviction des facteurs de risque, la vaccination et les bronchodilatateurs d’action rapide à la demande s’imposent. Mais dès que le VEMS devient inférieur à 80 %, il faut ajouter des bronchodilatateurs à longue durée d’action et une réhabilitation, d’où l’importance du rôle du kinésithérapeute, a souligné B. Selleron. La réhabilitation respiratoire est en effet efficace tant sur le plan clinique que sur le plan économique : elle améliore la qualité de vie, elle réduit les complications aiguës, la fréquence et la durée des hospitalisations. Malheureusement, les réseaux et initiatives libérales ne dépassent pas la trentaine et la réhabilitation respiratoire reste insuffisamment proposée.
Pour favoriser les échanges, de nombreux participants demandent l’adoption d’un langage commun à tous les acteurs de la santé, de l’éducation thérapeutique du patient aux urgences. Il est aussi crucial de disposer d’un dossier écrit qui suive le patient tout au long de son histoire.
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