Dans les PID fibrosantes progressives

Une troisième indication pour le nintedanib

Par
Publié le 09/10/2020
Article réservé aux abonnés
L’étude Inbuild a montré que le nintedanib réduit la progression de la fibrose pulmonaire, indépendamment de l’étiologie.
Un quart des PID fibrosantes progressent malgré un traitement conventionnel

Un quart des PID fibrosantes progressent malgré un traitement conventionnel
Crédit photo : Phanie

Le nintedanib est déjà indiqué depuis 2011 dans la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Puis, il est apparu qu’il inhibait les processus essentiels à la progression de la fibrose pulmonaire, indépendamment de l’étiologie.

Dans l’essai Senscis (1), le nintedanib a réduit la progression de la pneumopathie interstitielle diffuse associée à la sclérodermie systémique (ScS-PID) par rapport au placebo, avec un taux significativement plus faible du déclin de la capacité vitale forcée (CVF) durant 52 semaines (réduction de 44 %) ce qui lui a permis d’obtenir une deuxième indication, en avril 2020.

Plus récemment, l’étude Inbuild a montré l’efficacité et la sécurité d’emploi du nintedanib chez les patients atteints de diverses PID fibrosantes chroniques non-FPI et de phénotype progressif (2). Il faut savoir qu’environ 25 % des PID fibrosantes progressent malgré un traitement conventionnel par corticoïdes et immunosuppresseurs.

663 patients ayant un déclin au cours des 24 derniers mois malgré une prise en charge de la maladie ont été inclus dans Inbuild. Le déclin était défini par une diminution relative de la CVF ≥ 10 % ou une diminution relative ≥ 5 % et < 10 %, avec une aggravation des symptômes respiratoires ou une majoration de l’atteinte fibrosante au scanner, ou une aggravation des symptômes et de la fibrose.

Un ralentissement de 57 % du déclin respiratoire

Les résultats ont montré un ralentissement du déclin de la fonction pulmonaire de 57 % sur l’ensemble de la population de l’étude, avec un taux annuel ajusté de déclin de la CVF pendant 52 semaines de − 80,8 ml/an versus − 187,8 ml/an avec le placebo.

Des données complémentaires de l’étude Inbuild ont été présentées à l’ERS, notamment sur la qualité de vie, évaluée avec le questionnaire L-PF et l’échelle de qualité de vie PF-IQoLS. Les résultats montrent que le nintedanib permet d’éviter l’aggravation de la toux et de la dyspnée et de réduire la diminution de la qualité de vie.

Une autre analyse de l’étude Inbuild a cherché à évaluer l’influence d’un co-traitement par immunosuppresseurs et corticostéroïdes oraux (3).

Il apparaît que le nintedanib ralentit le déclin de la CVF de façon similaire que les patients soient traités par immunosuppresseurs et/ou corticostéroïdes oraux, sans modification du profil de tolérance.

Ces données ont conduit à élargir l’indication du nintedanib, autorisé depuis juillet 2020 dans le traitement des patients atteints de pneumopathie interstitielle diffuse fibrosante chronique avec un phénotype progressif, y compris d'autres pathologies que la FPI.

Communication du Pr Vincent Cottin (CHU de Lyon) lors de la session conjointe ERS/SPLFet la communication du Dr Nazia Chaudhuri (Manchester) |E poster] 
(1) Distler O et al Nintedanib for systemic sclerosis-associated interstitial lung disease. N Engl J Med 2019
(2) Flaherty KR et al Nintedanib in progressive fibrosing interstitial lung diseases NEJM 2019 ; 381 :1718-27
(3) Chaudhuri N et al. Does nintedanib have the same effect on FVC decline in patients with progressive ILDs treated with DMARDs or glucocorticoids ? E Poster 4576 ERS 2020.  

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin