S’ils sont parvenus à traverser les débuts de la pandémie de Covid malgré les incertitudes et l’afflux de malades, certains médecins en ont gardé des traces. Près d’un praticien actif pendant les premières vagues sur cinq (18,3 %) a développé un trouble du stress post-traumatique (TSPT), selon les résultats d’une méta-analyse publiée dans Jama Network Open.
Ce travail a compilé les données de 55 études incluant 28 965 participants issus de 25 pays (52,6 % d’hommes ; 37,1 % d’internes et 62,9 % de médecins). Il en ressort d’abord une prévalence du TSPT plus de trois fois plus importante qu’en population générale. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) estime que 4 à 5 % de la population souffrent de TSPT.
D’autres caractéristiques sont similaires à ce qui est observé en population générale, comme la plus forte prévalence du risque de TSPT chez les femmes (doublement par rapport aux hommes selon la littérature). Les femmes médecins étaient aussi plus susceptibles de développer un TSPT (OR = 1,93).
Internes, généralistes et urgentistes particulièrement à risque
L’analyse selon le stade de la carrière révèle par ailleurs que les internes étaient plus susceptibles de développer un TSPT que les médecins (OR = 1,33). « Ces résultats suggèrent qu'il peut y avoir une certaine période pendant l’internat et la transition vers un poste de praticien en exercice pendant laquelle les médecins étaient plus sujets au TSPT », soulignent les auteurs.
Enfin, certaines spécialités étaient particulièrement à risque. Avec des prévalences de 31,2 % et de 23,4 % respectivement, les généralistes et les urgentistes étaient les plus touchés, suivis par les ORL (23 %), les chirurgiens (22,4 %), les internistes (21,9 %), les anesthésistes (16,1 %) et les réanimateurs (14,8 %).
Une étude française comptait parmi les travaux retenus dans la méta-analyse. Menée d’octobre à décembre 2020, elle rapporte une prévalence du TSPT de 28,4 % chez les soignants. D’autres troubles de la santé mentale étaient relevés : insomnie (37,9 %), anxiété (60 %), dépression (36,1 %) et épuisement professionnel (45,1 %).
Au-delà des caractéristiques personnelles des répondants (sexe, profession, expérience, traits de personnalité), l'organisation du travail (capacité à se reposer et à prendre soin de sa famille) et la perception de soi (peur d'être infecté ou d'infecter sa famille et ses amis, pression, sentiment d'exercer un métier à risque ou « manque des applaudissements ») étaient des facteurs prédictifs de ces symptômes.
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