Lors de la grossesse, la femme traverse une période marquée par un certain nombre de bouleversements auxquels son corps et son psychisme vont devoir s’adapter. Une fragilité psychique parfois intriquée avec des manifestations somatiques peut alors s’exprimer.
Des troubles psychiatriques peuvent également survenir voire s’aggraver pendant cette période de vulnérabilité de la femme. Les syndromes dépressifs sont assez fréquents (10 % des grossesses) et d’intensité en général modérée. Ils surviennent préférentiellement au premier trimestre de la grossesse et sont plus fréquents en cas de grossesse non désirée ou en cas de conflit conjugal. Les épisodes délirants aigus sont plus rares mais peuvent surtout survenir au premier trimestre de la grossesse. L’anxiété durant la grossesse se définit comme des inquiétudes et préoccupations se rapportant directement à la grossesse et au bébé. La grossesse peut entraîner des symptômes anxieux isolés non pathologiques ou plus envahissants devenant pathologiques.
Au premier trimestre prédomine la peur d’avoir un enfant anormal, de le perdre, de ne pas être à la hauteur, au troisième trimestre la peur de l’accouchement. Elle peut être liée à certaines circonstances comme l’annonce d’une grossesse non souhaitée, la crainte de l’accouchement, des conflits conjugaux. Les dépressions anténatales toucheraient en moyenne 10 % des femmes enceintes. Une pathologie considérée comme fréquente qui surviendrait aussi aux 1er et 3e trimestres de la grossesse. Et le risque de les voir apparaître est majoré en cas d’antécédent de dépression lors de grossesses précédentes ou en dehors de celle-ci.
Dépister et traiter précocement
« Le repérage de ces troubles en période anténatale est souvent difficile, précise le Pr Dubertret, du fait de symptômes non spécifiques tels que fatigue, nausées, troubles du sommeil, plaintes somatiques qui vont souvent rendre difficile le diagnostic de dépression. » C’est dire l’importance d’un dépistage, d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce. L'entretien du 4e mois mené par une sage-femme ou un médecin est un rendez-vous important pour identifier d’éventuelles vulnérabilités psychologiques, repérer les antécédents et facteurs de risque psychiques ou psychiatriques, détecter les symptômes psychiques ou les troubles psychiatriques qui seraient masqués par la grossesse. Le Pr Dubertret regrette que les femmes enceintes ne participent pas toujours à ces rendez-vous importants et que ces entretiens ne permettent pas le repérage précoce de ces troubles. « Car il faut toujours garder à l’esprit, poursuit-elle, que les dépressions anténatales représentent un facteur de risque important de décompensation dépressive au cours du post-partum qui a un retentissement majeur pour la mère et le développement du nouveau-né, et le lien mère-bébé. » La prise en charge des formes légères de dépression repose généralement sur un suivi psychothérapique. Pour les formes modérées à sévères les traitements antidépresseurs ont montré une efficacité durant la grossesse. Quoi qu’il en soit, toute prescription pendant la grossesse implique de mettre en balance les bénéfices par rapport aux risques. Les risques sont tout autant ceux de l’exposition au traitement pour le bébé que ceux lié à l’abstention thérapeutique et à la dépression gravidique non traitée.
En effet, l’évolution du trouble psychique maternel peut avoir des conséquences parfois majeures pour la mère et le bébé. Chez les femmes avec des troubles dépressifs récurrents connus, le traitement nécessite d’être poursuivi au risque de voir apparaître une décompensation avec des conséquences délétères. Dans tous les cas la grossesse doit être accompagnée et suivie avec attention par une équipe multidisciplinaire. L’hospitalisation n’est conseillée que dans les cas sévères, ou lorsque des idées suicidaires sont suspectées voire si les troubles ne répondent pas au traitement proposé.
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