Le dispositif de lits à la demande devrait se préciser « avant l'été », à travers une instruction diffusée aux établissements et la délégation de 15 millions d'euros via le fonds d'intervention régionale (FIR), a indiqué la Direction générale de l'offre de soins, ce 8 février, à l'occasion du premier anniversaire de la Commission nationale de la psychiatrie (CNP).
La création de lits à la demande avait été annoncée par Emmanuel Macron, en clôture des Assises de la psychiatrie et de la santé mentale, en septembre dernier. « Il est clair que le mouvement de fermeture dans certains territoires a été trop rapide », avait-il reconnu, précisant le montant du financement, 15 millions en 2022, puis 25 millions annules à partir de 2023.
Des instructions attendues au printemps
Les membres de la sous-commission Offre de soins « examinent le sujet dans tous les sens », a indiqué le Dr Radoine Haoui, psychiatre et coordonnateur du groupe opérationnel de la CNP. Non sans taire les difficultés. « C'est un dispositif approprié en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO). Il est pertinent en psychiatrie où certaines pathologies sont saisonnières, ou obéissent à des pics de tension. Mais cela exige des ressources humaines », qui font cruellement défaut en psychiatrie, a-t-il explicité. Si bien que l'heure est à la recherche des bons leviers et à l'innovation pour trouver des réponses adaptées. « La commission a considéré qu'il fallait davantage de temps pour élaborer des réponses qui tiennent compte des contraintes actuelles de la psychiatrie », a corroboré la DGOS.
De même, une seconde instruction devrait être publiée en mars, voire avril, précisant en détail l'encadrement de l'isolement et de la contention, défini dans la loi sur le passe vaccinal du 24 janvier, (avec à la clef, un budget d'accompagnement des établissements de 15 millions d'euros pour 2022). « Idéalement, dans le même temps » devrait être publié un décret, actuellement examiné par le Conseil d'État, a dit la DGOS.
Sur-spécialisation et changement de mentalité pour redorer la psychiatrie
Mais pour répondre à la crise de la discipline, « il n'y a pas de baguette magique », a résumé le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre et addictologue, président de la CNP, tout en défendant l'innovation, la recherche, les sur-spécialisations (y compris chez les infirmières en pratique avancée). « Sans minimiser les difficultés, nous devons livrer un panel de propositions aux collègues, sur l'encadrement, les conditions et la qualité de vie au travail, l'accès aux formations, la rémunération… pour montrer que notre discipline est attractive », a ajouté le Dr Haoui, précisant que le CNP se livrait à un travail de remontée des bonnes pratiques.
Les responsables du CNP ont néanmoins regretté que ces efforts pour redorer le blason de la psychiatrie soient contrés par certains médias qui continuent à stigmatiser la maladie mentale, notamment à l'occasion de la fugue de quatre patients des hôpitaux psychiatriques de Toulouse.
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