La leptine, une hormone du contrôle de l'appétit, semble avoir un rôle paradoxal chez les patients traités par antipsychotiques. Des chercheurs américains montrent que l'hyperleptinémie observée chez eux précède la prise de poids et est associée à des troubles métaboliques.
Les antipsychotiques de seconde génération sont associés à des effets indésirables métaboliques, allant du surrisque de diabète aux maladies hépatiques, en passant par une prise importante de poids chez certains patients.
Selon une équipe de recherche de l'institut universitaire des sciences de la santé du Texas, la leptine, cette hormone de la satiété, qui régule le métabolisme des réserves de graisses dans l'organisme, voit sa concentration augmenter chez des souris exposées aux antipsychotiques, avant même la prise de poids. Cette hypothèse, déjà formulée par d'autres équipes, n'avait jamais encore été explorée expérimentalement. Les scientifiques mettent ici en évidence que l'hyperleptinémie entraîne une hyperflammation systémique, et particulier dans le tissu adipeux. Un phénomène qui expliquerait en partie l'obésité.
Au cours de leurs travaux publiés dans Science Translational Medicine, les chercheurs de San Antonio ont ajouté de la rispéridone à l'alimentation des souris. Dans les trois jours qui ont suivi, la concentration de leptine a augmenté. Ces souris ont ensuite été soumises à un régime alimentaire riche en graisses, de même que des souris non traitées. À régime alimentaire équivalent, les souris traitées par antipsychotiques prennent plus de poids et développent une insulinorésistance plus marquée.
Les auteurs ont ensuite injecté à une partie des animaux un anticorps monoclonal dirigé contre la leptine (appelé LepAb) et produit dans leur laboratoire. La prise de poids avec ce régime gras s'est ralentie au fur et à mesure que le taux de leptine se normalisait.
La piste inflammatoire
Malgré des controverses sur le rôle exact de la leptine, les données les plus récentes et les plus nombreuses mettent en avant que l'hyperleptinémie peut provoquer des obésités liées au comportement alimentaire et une intolérance au glucose. Les résultats de l'équipe texane viennent appuyer ces observations. Selon les auteurs, leurs données plaident en faveur d'un potentiel traitement neutralisant la leptine dans la prise en charge de l'obésité liée aux antipsychotiques.
« Un des mécanismes via lesquels l'hyperleptinémie et les antipsychotiques promeuvent la prise de poids et l'intolérance au glucose réside peut-être dans l'inflammation systémique, proposent les auteurs, dans la mesure où la leptine est un puissant régulateur des fonctions immunitaires, et où l'hyperleptinémie provoque la prolifération des monocytes ». Lors de leurs travaux, les chercheurs ont en effet observé une augmentation des marqueurs inflammatoires, et en particulier dans les tissus adipeux, le foie et l'hypothalamus. Ces processus inflammatoires n'étaient plus observés une fois la leptine neutralisée par l'anticorps monoclonal.
Dans l'hypothalamus, l'expression de gènes liés à la satiété et au jeûne, a priori aux rôles contradictoires, était augmentée en cas d'hyperleptinémie et normalisée après la prise d'un anticorps anti-leptine. « La réduction de l'inflammation dans la région hypothalamique pourrait être un facteur majeur pour éviter la prise de poids », estiment les auteurs qui proposent de tester des stratégies de neutralisation de l'hyperleptinémie dans des études cliniques.
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