En décembre dernier, des chercheurs en épidémiologie de l'Institut Karolinska de Stockholm mettaient en évidence dans Jama Psychiatry une augmentation des risques cardiovasculaires chez les patients traités au long cours pour un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Dans une nouvelle étude, ils démontrent que l’instauration d’un traitement médicamenteux est associée à une mortalité toutes causes significativement plus faible, en particulier pour les décès dus à des causes non naturelles, comme les blessures involontaires ou le suicide.
Ces nouveaux résultats, publiés dans Jama, découlent de l’analyse des données d’une cohorte nationale suédoise sur 148 578 personnes atteintes de TDAH (41,3 % de femmes), âgées de 6 à 64 ans. Les chercheurs ont évalué le risque de mortalité toutes causes confondues dans les deux ans suivant le diagnostic de TDAH, mais aussi le risque de décès par cause naturelle (conditions physiques) et non naturelle (blessures involontaires, suicide, empoisonnements accidentels…).
Des résultats différenciés selon le sexe
Il en ressort que l’instauration d’un traitement dans les trois mois suivant le diagnostic est associée à un taux significativement plus faible de mortalité toutes causes confondues (HR = 0,79), par rapport aux personnes non traitées. C’est le cas aussi pour la mortalité non naturelle : le risque à 2 ans concerne 25,9 patients traités pour 10 000 individus contre 33,3 pour 10 000 individus, chez les non traités (différence de risque à −7,4 pour 10 000 individus ; HR = 0,75). Concernant la mortalité par cause naturelle, l’écart est en revanche peu significatif : à 2 ans, la différence de risque s’établit à −1,6 pour 10 000 individus (HR = 0,86).
Autre nuance, chez les femmes, seule une réduction de la mortalité par cause naturelle est observée. Pour expliquer cette différence, les chercheurs soulignent un âge médian plus élevé des femmes dans l’étude, « ce qui suggère un diagnostic tardif du TDAH par rapport aux hommes ». Aussi, des travaux antérieurs ont mis en évidence des profils distincts de comorbidités psychiatriques et physiques, avec des taux plus élevés de dépression, de troubles du sommeil, de fibrillation auriculaire et d’asthme. Une exploration plus approfondie des différences entre les sexes est nécessaire « afin d'éclairer les interventions ciblées visant à optimiser les résultats pour les hommes et les femmes atteints de TDAH », insistent les auteurs.
Des investigations sont également à mener pour combler les lacunes de l’étude, juge un édito associé à l’étude. Plusieurs questions demeurent : le traitement choisi, le dosage et l’adhérence ont-ils une influence ? La sévérité du TDAH joue-t-elle un rôle ? Et quels sont les mécanismes en jeu dans le lien entre traitement et réduction du risque de mortalité ?
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