L'Association pour la prévention du suicide et du mal-être adolescent (Asma) est un réseau pionnier né à Marseille, engagé depuis deux décennies. Les pédopsychiatres Gilbert Fabre et David Soffer, respectivement président et directeur du réseau, ont dévoilé début décembre le jeu « Bien ou Quoi ? En parler peut tout changer » à un aréopage de professionnels et d’institutionnels. Cet outil est déployé dans huit établissements scolaires pour une première phase d’expérimentation.
Chaque année, en France, plus de 300 jeunes mettent fin à leurs jours. Selon les données de Santé publique France, la santé mentale des Français est dégradée en 2023, au premier rang chez les adolescents (11-17 ans) et les jeunes adultes (18-24 ans). « Les données recueillies depuis 2020 témoignent d’une dégradation de la santé mentale chez les adolescents et jeunes adultes et d’une perception encore taboue de ces problématiques », rappelle le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
Dans les locaux accueillants du centre ressource Prévention du suicide (CRPS), psychiatres, pédopsychiatres et psychologues, infirmiers, responsables d’établissements scolaires et d'autres professionnels* sont invités à jouer. Autour du plateau, entre trois et six joueurs parcourent 31 cases d’un mois, avec cinq personnages confrontés à des situations de la vie quotidienne. Plusieurs réponses sont proposées à chaque fois, avec bonus et ressources. « C’est un jeu de plateau dans lequel les joueurs jouent ensemble et non les uns contre les autres, précise le Dr David Soffer. On a conçu les scénarios, une équipe de jeux de société nous a aidés à matérialiser les parcours. »
Le CRPS, coordonné par le Dr Jean-Marc Henry, psychiatre au sein de l’AP-HM et chef de service des urgences psychiatriques de la Timone, regroupe depuis le mois de mai sur un plateau commun trois dispositifs de prévention du suicide et de la récidive suicidaire : VigilanS, Asma et la ligne d’écoute 3114. Il permet à des adultes et des jeunes suicidaires d’accéder à un service professionnel d’écoute, d’information, d’évaluation et d’orientation. « Chez Asma, nous avons choisi de promouvoir un jeu de plateau pour encourager de façon ludique la diffusion de ressources utiles en santé́ mentale », souligne le Dr Gilbert Fabre, président d’Asma.
Des campagnes nationales de sensibilisation
Le numéro 3114 de prévention de suicide, créé en octobre 2021, lance ce 15 décembre son premier spot officiel, une vidéo courte de 30 secondes intitulé « Tu comptes pour moi ». Le message se veut accessible de l'enfant à l'adulte par le biais du dessin et l'absence de dialogue.
Après la campagne « #JenParleà » de 2021 et rediffusée en 2022, Santé publique France a créé cinq vidéos « Le Fil Good » diffusées sur les réseaux sociaux jusqu’en décembre pour sensibiliser les jeunes de 11 à 24 ans à leur bien-être psychique et à leur santé mentale. À la fin de chaque vidéo, il est rappelé qu’en cas de mal-être, il faut en parler, à une personne de confiance ou au Fil Santé Jeunes.
« En facilitant les échanges, le partage d’expérience et la réflexion individuelle et collective, ce jeu développe les compétences psychosociales des joueurs et lève le tabou sur les questions de mal-être, explique le Dr Fabre. Demander à l’autre comment il va, lui permettre de s’ouvrir, l’accompagner vers un adulte qui pourra l’aider, sont les messages clés que nous souhaitons transmettre. Cette sensibilisation doit favoriser une prise en charge adaptée et spécialisée quand c’est nécessaire. »
En juin prochain, un premier bilan sera réalisé et l’ambition est de déployer ce jeu financé par l’ARS Paca et le Crédit Agricole dans d’autres établissements, et à terme au sein de toute l’académie.
*conseil départemental et l’aide sociale à l'enfance (ASE), de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ), des Maisons des adolescents, du comité régional d'éducation pour la santé Provence-Alpes-Côte d'Azur (Cres Paca) et du Comité départemental d'éducation et de promotion de la santé des Bouches-du-Rhône (Codeps 13)
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