« C’est inadmissible, c’est encore une confusion entre soin et sécurité, et une stigmatisation des patients psychiatriques ». La colère de Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), ne faiblit pas, alors que plusieurs préfectures demandent aux établissements hébergeant des patients hospitalisés en psychiatrie de reporter les sorties de certains d’entre eux, lors du passage de la flamme olympique. Sont en particulier concernés les patients hospitalisés sans consentement sur décision du représentant de l'État (SDRE).
Ainsi, ce 23 juin, l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, à la demande de la préfecture, a envoyé un courrier aux établissements autorisés pour faire reporter les sorties de ces patients durant 48 heures, alors que la flamme traverse l’Alsace ce 26 juin. Des restrictions de sortie « au seul motif que les festivités, lors du passage de la flamme olympique, seraient mises en danger par les personnes en soins », pointe l'Unafam. « Nous dénonçons avec force et colère cette décision indigne, fondée sur des représentations archaïques et infondées des maladies psychiques, souligne encore l’association. Ces mesures s'inscrivent en totale contradiction avec les discours et orientations affichés par les ARS notamment, en matière de lutte contre la stigmatisation des malades psychiques. Elles sont également totalement à contrecourant de l'évolution actuelle de la psychiatrie, qui tend vers une psychiatrie hors les murs, inclusive, dans la vie et la cité. » Sollicitée par le Quotidien, Marie-Jeanne Richard insiste : « c’est méconnaître la réalité de terrain : les sorties ne sont pas décidées au hasard, elles sont organisées par l’équipe soignante, dans le cadre d’un schéma de rétablissement. Les interdire, c’est jeter le doute sur la possibilité pour une personne de guérir », déplore-t-elle.
Des recommandations du CGLPL à venir
France Assos Santé demande également dans une lettre ouverte à la préfète du Bas-Rhin et de la région Grand Est, Josiane Chevalier, de « retirer cette décision inacceptable ». « Cette initiative, contraire à tous les principes de libertés publiques et de santé publique, stigmatise toujours davantage une population en situation de vulnérabilité, estime l'association. Cette recherche de sécurité sans aucune nuance ni analyse et sans certitude sur sa nécessité n'a pour effet que de renvoyer le patient hospitalisé en psychiatrie à une dangerosité. »
Sollicitée par l'AFP, l'ARS Grand Est n'a pas répondu dans l'immédiat. Quant à la préfecture du Bas-Rhin, elle note qu'il « s'agit d'un examen au cas par cas comme on le fait toute l'année, il n'y a aucun arrêté préfectoral sur ce sujet ».
À la suite de plusieurs remontées, l’Unafam a alerté le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Selon l’institution, contactée par le Quotidien, plusieurs départements sont concernés : Loire-Atlantique, Charente, Ille-et-Vilaine, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Martinique.
« Ces saisines sont instruites par nos services, nous avons adressé des recommandations au ministre de l’Intérieur en sollicitant ses observations en réponse », précise le CGLPL. Ces recommandations devraient être rendues publiques le 11 juillet, accompagnées, le cas échéant, des éventuelles observations du locataire de Beauvau.
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