Une étude menée chez plus de 10 000 non-fumeurs montre que les incidentalomes pulmonaires sont plus fréquents qu’estimés jusque-là. Plus de 40 % des participants ont présenté un nodule pulmonaire (≥ 30 mm3, diamètre <6 mm) au scanner faible dose ; pour plus de 10 % de la cohorte, la taille était cliniquement significative (≥100 mm3, diamètre entre 6 et 8 mm) ; et pour environ 2 %, elle se situait dans les critères de prise en charge (≥ 300 mm3, diamètre ≥ 8 mm). La prévalence augmente avec l’âge. C’est ce que révèlent des radiologues européens dans la revue américaine Radiology.
Les nodules pulmonaires découverts de manière fortuite sont fréquents à l’imagerie, les fumeurs étant à plus haut risque de cancer. L’originalité de ce travail tient au fait de donner des informations dans une population peu étudiée jusqu’alors, alors que la plupart des estimations précédentes sur la prévalence et la taille des nodules pulmonaires étaient issues d’études sur le dépistage du cancer pulmonaire chez de gros fumeurs ou dans des cohortes asiatiques.
« Cette recherche fournit des données fondamentales pour la population générale non fumeuse nord-européenne », souligne la Dr Rozemarijn Vliegenthart, du centre médical universitaire de Groningen, aux Pays-Bas, et autrice senior, quand les recommandations actuelles de suivi des nodules pulmonaires établies principalement à partir de cohortes à haut risque pourraient ne pas être adaptées à tous.
Les hommes davantage susceptibles d’avoir un ou plusieurs nodules
Ce travail a inclus 10 431 personnes non ou ex-fumeuses âgées de 45 ans et plus, à partir de l’étude ImaLife (pour Imaging in LifeLines), la première conçue pour établir des valeurs de référence pour les biomarqueurs en imagerie concernant les stades précoces de la maladie coronarienne, du cancer pulmonaire et de la bronchopneumopathie chronique obstructive en population générale. Pour ce volet, 56,6 % des participants étaient des femmes (âgées en médiane de 60,4 ans), 46,1 % étaient non fumeurs et 53,9 % des anciens fumeurs (93,9 % d’entre eux ne remplissaient pas les critères d’éligibilité au dépistage du cancer du poumon). Sept radiologues entraînés ont évalué la présence et la taille des nodules pulmonaires sur les scanners pulmonaires faible dose.
Au moins un nodule pulmonaire (≥30 mm3) a été observé chez 4 377 (42,0 %) des participants (47,5 % des hommes et 37,7 % des femmes), avec un peu plus de cas chez les anciens fumeurs (44,7 %, avec 2 510 sur 5 619) que les non-fumeurs (38,8 %, avec 1 867 sur 4 812). Des nodules cliniquement significatifs (≥ 100 mm3) étaient retrouvés chez 11,1 % des participants. Le nodule remplissait le critère de prise en charge chez 2,3 % des participants (237 sur 10 431). Dans tous les cas, la prévalence augmentait avec l’âge dans les deux sexes. Les hommes étaient plus susceptibles de présenter un nodule et d’en avoir de multiples.
Une prévalence comparable à celle des fumeurs
« Notre étude révèle la présence de nodules cliniquement significatifs chez 11,1 % d’une cohorte non fumeuse, traditionnellement considérée à faible risque, poursuit la Dr Vliegenthart. C’est plus élevé que ce à quoi nous nous attendions et même comparable à la prévalence rapportée dans des populations à haut risque de fumeurs. » La baisse du nombre de fumeurs depuis la mise en place de politiques de lutte contre le tabagisme rend ces données « encore plus essentielles », ajoute la radiologue néerlandaise.
Compte tenu du nombre croissant de scanners pulmonaires pour des indications diverses, les incidentalomes vont augmenter le volume d’imageries de contrôle et de consultations de surveillance avec les recommandations actuelles. « L’incidence du cancer du poumon dans le type de population incluse dans la cohorte LifeLines est très faible (0,3 %), ce qui suggère que la plupart des nodules cliniquement significatifs, et y compris ceux dans les critères de prise en charge, dans une cohorte non fumeuse, sont bénins, estime la Dr Vliegenthart. Les futures données sur le diagnostic de cancer pulmonaire chez les participants d’ImaLife (…) devraient aider à optimiser les recommandations pour les individus considérés à faible risque. »
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