Concentration, financiarisation... La radiologie libérale de proximité installée à l’ombre des grandes agglomérations traverse une période tourmentée et doit unir ses forces pour survivre. Organisés en Groupements de coopération sanitaire (GCS) public-privé, les plateaux d’imagerie médicale mutualisés (Pimm) sont, au côté des groupements d’intérêt économique (GIE), des solutions de coopération pouvant permettre le maintien, voire la réimplantation d’une offre de radiologie de proximité.
Dans la région toulousaine, les deux types de formules ont trouvé leur place dans des contextes sanitaires différents qui ont été exposés lors d’un congrès organisé au CHU de Nîmes par le Collège des enseignants de radiologie de France (Cerf). Il en ressort que telle organisation (GCS ou GIE) n’est pas meilleure que l’autre, mais qu’elles répondent à des besoins différents.
Le GCS pour recruter
Distantes de plusieurs dizaines de km de Toulouse, les communes de Lavaur (Tarn), au Nord, et Saint-Gaudens, au sud, ne connaissent pas la même situation médicale. Pour la cité tarnaise, l'enjeu est de faire fonctionner à nouveau un scanner existant alors que l’hôpital local ne dispose plus de praticien ; tandis qu’à Saint-Gaudens, avec un scanner et une IRM, l’établissement compte un radiologue (seul) pour les faire tourner. « L’éloignement de Toulouse était un frein pour trouver des volontaires, explique le Pr Nicolas Sans, chef du pôle radiologie au CHU de Toulouse. Or, nous ne voulions pas faire de téléradiologie pour améliorer le diagnostic et rester au contact des patients. Il fallait donc trouver une solution pour assurer une présence physique ».
Un plateau d'imagerie médicale mutualisé (Pimm) sous forme de GCS a donc été créé à cet effet. « Derrière le Pimm [mis en place de façon expérimentale pour 5 ans, NDLR], l’idée était de dépasser la simple mise en commun d’un équipement. Il s’agit d’une mise en place commune au bénéfice de la permanence de soins qui permet d’aller au-delà des différences de rémunération public/privé », poursuit-il. Ainsi, les PH volontaires touchent une vacation de 800 euros net à laquelle s’ajoutent les frais de déplacement. Attractif certes, mais coûteux en personnels pour le CHU de Toulouse contraint d’envoyer deux praticiens pour chacun des deux établissements. « On dépeuple un peu le CHU », concède le Pr Sans. A priori sur de bons rails, l’initiative a donné des idées à d’autres spécialités, avec des consultations avancées en cardiologie à Lavaur, spécialité qui avait disparu de la cité tarnaise.
Le GIE pour optimiser économiquement les ressources
Autre formule, le GIE répond plus particulièrement au « besoin de mutualisation d’équipements pour en optimiser l’utilisation », explique le Dr Philippe Cart, radiologue interventionnel, chef de pôle à l'hôpital de Charleville-Mézières (Ardennes).
Frappés par l’irrésistible attractivité de la métropole toulousaine, les radiologues de Montauban (Tarn-et-Garonne) ont créé un GIE dès 2016, à l’heure où les Pimm n’existaient pas. « Nous avions la volonté de nous réunir – public et privé – pour faire mieux marcher l’offre radiologique (scanner, IRM) entre nous plutôt que de mettre partout des machines qui ne soient pas utilisées de façon optimale ! Notre idée est de se soutenir en termes de permanence et de continuité des soins, en cas de maintenance ou panne des équipements », explique le Dr Daniel Lagard, radiologue libéral à Montauban.
Avec le GIE, les personnels travaillent indifféremment sur le site du CH de Montauban (IRM polyvalente et autres machines) ou de la clinique Elsan (scanner et IRM), en fonction de leurs besoins. Le Dr Lagard loue « la souplesse » du GIE, avec deux assemblées générales par an. Il salue aussi le fait que ce montage permet « au privé de soutenir les équipes du public dans l’interprétation d’imagerie conventionnelle quand le public n’y arrive pas, faute de bras pour les interpréter ».
Mais il plaide, au-delà, pour une multiplication des centres de proximité. « Il faudrait pouvoir installer des scanners dans des petites villes où il existe des cabinets libéraux conventionnels (échographie, mammographie, NDLR) qui soutiennent les généralistes. Ils permettraient par exemple, en maison de santé, d’assurer un présentiel voire de la téléradiologie. »
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