La déchirure du ménisque est une complication fréquente chez les patients souffrant d'arthrose. La survenue d'une telle lésion constitue en retour un facteur majeur de mauvaise évolution de l'arthrose. Les ménisques jouent en effet un rôle crucial dans le maintien de la stabilité, la répartition de la charge et l'absorption des chocs. Dans 42 % des cas, on constate que ces lésions surviennent au début d'une arthrose d'évolution rapide. Pourtant, il n'existe que peu de moyens pour déterminer, au sein de cette population, les personnes les plus à risque de les développer.
Les chercheurs de l'université d'État du Michigan, de l'école de médecine Tufts (Massachusetts) et de l'université de Cambridge ont utilisé des clichés IRM provenant d'une étude cas-témoins pour identifier les caractéristiques qui pourraient être utilisées pour mieux prévenir les déchirures du ménisque. Les données d'imagerie qu'ils ont exploitées provenaient de 215 personnes issues de l'Osteoarthritis Initiative (OAI). Tous les participants avaient des ménisques intacts lors de la visite initiale et 34 ont développé une déchirure méniscale déstabilisante au cours des 4 années de suivi.
Des informations qui échappent à l’œil du radiologue
Les auteurs de ces travaux, publiés dans le Journal of Orthopaedic Research, ont étudié 61 caractéristiques radiomiques différentes, et tenté d'établir un lien statistique entre ces caractéristiques et la survenue d'une déchirure du ménisque. Pour rappel, la radiomique consiste à extraire une large quantité de données à partir d’examens d’imagerie afin d’amener à des diagnostics de précision. Ces caractéristiques ne sont pas forcément visibles à l’œil nu par le radiologue : il s‘agit souvent des données brutes inexploitables sans une analyse mathématique réalisée par des logiciels spécifiques.
Dans le cas plus particulier de cette étude, ces données appartenaient à trois catégories : forme caractéristique (volume, sphéricité), caractéristiques d'histogramme (distribution de l'intensité du signal, aplatissement) et texture. Les chercheurs avaient pour hypothèse que ces caractéristiques pourraient renseigner sur la présence d'altérations antérieures à l'apparition d'une déchirure. Ils ont concentré leur analyse sur le ménisque médial en raison de sa plus grande susceptibilité aux blessures que le ménisque latéral.
Ils sont parvenus à correctement classer 24 des 34 patients ayant eu une déchirure du ménisque, de même que 172 des 181 patients qui n'ont pas eu cette complication. Cela correspond à une sensibilité de 70,6 % et une spécificité de 95 %. Les chercheurs précisent que la caractéristique majeure prédisant le risque de déchirure était le niveau de gris élevé (c'est-à-dire une texture plus grossière) de la corne postérieure du ménisque.
Quatorze cas ont été correctement classés car ils présentaient une corne postérieure plus ronde avec des zones plus brillantes. Dix autres l’ont été sur la base de cornes postérieures moins rondes. Sur les sept variables incluses dans leur modèle mathématique, seules deux provenaient de la corne antérieure du ménisque médial.
Un score à utiliser en cas de plainte douloureuse ?
« Notre étude confirme des travaux antérieurs montrant que les altérations de l'intensité du signal dans la corne postérieure du ménisque constituent un facteur de risque de déchirure méniscale médiale, et sont peu susceptibles de se résoudre d’elle-même, analysent les chercheurs. Une approche radiomique peut fournir une identification plus précise des individus qui ne développeront pas de déchirure méniscale médiale déstabilisatrice. Elle offre potentiellement des capacités prédictives supérieures et offre de nouvelles perspectives sur les caractéristiques qui contribuent à la santé méniscale future. »
Ils estiment qu'un score basé sur les caractéristiques radiomiques pourrait aider à éclairer des décisions concernant les options de traitement. L’intérêt d'un tel score est à contrebalancer avec le fait qu'il n'est pas recommandé de faire une IRM supplémentaire uniquement pour le dépistage du risque de déchirure méniscale. En revanche il serait possible d'utiliser une IRM prescrite à l'occasion d'une douleur du genou.
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