Activité physique sur ordonnance

Dans les pathologies chroniques, même sévères

Publié le 04/09/2014
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L’intérêt du réentrainement à l’effort a fait ses preuves chez le cardiaque mais aussi chez les patients de neurologie, de pneumologie ou de cancérologie, à la fois pour limiter les complications et les récidives et améliorer la qualité de vie sans effets indésirables. Si le milieu de Médecine Physique et Réadaptation (MPR) en est maintenant convaincu, l’enseignement universitaire sur ce thème est encore très pauvre et les médecins souvent peu au fait des structures proposant l’activité physique (AP) en ville.

Un projet thérapeutique global

L’AP s’inscrit dans la prise en charge des pathologies chroniques, même sévères, au même titre que les médicaments, la chirurgie ou les conseils nutritionnels ; elle doit être prescrite de façon précise, avec mention de sa nature, de son intensité, de sa durée et de sa fréquence. Il relève des compétences du médecin réadaptateur d’évaluer le niveau de handicap lié à la pathologie ou aux comorbidités, de déterminer quels sont les exercices à proposer -endurance, renforcement musculaire léger, travail de l’équilibre pour les plus âgés-, de s’assurer de l’absence de contre-indications liées à l’état clinique ou aux traitements. Cette évaluation est particulièrement délicate en cas de pathologies lourdes, où il devient nécessaire de s’adapter aux incapacités et d’être d’autant plus vigilant qu’une pathologie cardiovasculaire peut se développer après un AVC ou un cancer traité par des chimiothérapies iatrogènes sur le plan cardiovasculaire.

Le médecin fixe avec le patient des objectifs raisonnables, qui peuvent être revus au cours de l’évolution.

Intégrer l’activité physique dans l’éducation thérapeutique

Le réentrainement à l’effort peut être débuté en hospitalisation complète, en hôpital de jour ou en ambulatoire. Ensuite le MPR peut déléguer à des kinés libéraux, à des réseaux ou des associations de patients proposant des activités physiques adaptées supervisées par un professionnel de santé ou de l’activité physique. Des projets pilote ont vu le jour comme à Strasbourg ou à Blagnac où la municipalité met à disposition des locaux et des accompagnateurs lorsque l’exercice physique est prescrit par le médecin d’un réseau. Tous les patients ne restent pas motivés d’où l’importance d’identifier des réseaux et de proposer de courtes hospitalisations pour les réévaluer et les remotiver. « Depuis un peu plus un an nous avons mis en place des consultations d’éducation thérapeutique pour refaire le point sur les facteurs de risque cardio-vasculaire, réévaluer avec des tests de marche simple s’ils répondent ou non aux objectifs fixés ou vérifier l’existence d’un problème intercurrent douloureux gênant leur réalisation » explique le Pr Grémeaux.

D’après un entretien avec le Pr Vincent Gremeaux, CHU de Dijon

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du Médecin: 9345