DES DONNÉES, publiées en 2006 dans « Annals of the Rheumatic Diseases », avaient montré la fréquence de l´atteinte radiographique de la main, à la fois de l´articulation et des tissus mous, chez 120 patients atteints de sclérodermie systémique, indique le Dr Jérôme Avouac.
L’étude multicentrique réalisée sur la base de données EUSTAR visait à déterminer la prévalence de l´atteinte articulaire sur une plus large population, poursuit-il. Elle a porté sur 7 286 patients, dont 86 % de sexe féminin ; leur moyenne d’âge était de 56 ±14 ans, la durée moyenne de leur maladie de 10 ±29 ans. Plus de la moitié (58 %) avaient une forme cutanée limitée.
L’atteinte articulaire était définie par la présence de synovite(s) (articulation douloureuse et gonflée), et/ou de ténosynovite(s) fibreuse(s) avec des crépitations audibles et palpables, et/ou de contraction(s) en flexion entraînant une limitation passive des mouvements de flexion-extension de l´articulation, conséquence d’une ankylose articulaire associée à une atteinte tendineuse et cutanée, comme l’explique le Dr Avouac.
Les résultats montrent que 16 % des patients, soit 1 191, avaient au moins une synovite ; 11 % (802) une ténosynovite et 31 % (2 264) une contraction en flexion.
En analyse multivariée, la présence de synovites s’est avérée associée à plusieurs marqueurs de sévérité de la maladie : la forme cutanée diffuse, la présence d’un déficit moteur en rapport avec une myosite associée à la sclérodermie et une augmentation de la pression artérielle pulmonaire systolique à l’échographie cardiaque.
L’existence de synovites attestait également d’une maladie plus active, comme le montrait un score européen d’activité de la maladie élevé chez ces patients, ainsi que la présence plus fréquente d’un syndrome inflammatoire biologique (VS › 28 à la 1 ère heure et/ou une CRP › 10 mg/l).
Les ténosynovites étaient également associées à des signes de sévérité de la maladie : ulcérations digitales, déficit moteur secondaire à une myosite associée, augmentation de la pression artérielle pulmonaire systolique à l’échographie cardiaque, et présence d’une protéinurie. Elles témoignaient aussi d’une maladie plus active.
Les contractions en flexion reflétaient elles aussi la sévérité de la maladie, avec la présence d’ulcérations digitales, de signes de fibrose pulmonaire et/ou d’un déficit moteur, secondaire à une myosite associée.
Ces atteintes rhumatologiques sont donc effectivement associées à un phénotype plus actif et plus sévère de la maladie. Il convient donc de les dépister de façon systématique, souligne le Dr Avouac.
« Ces résultats incitent à recentrer la sclérodermie dans une perspective rhumatologique, les atteintes rhumatologiques pouvant d’ailleurs être un mode d’entrée dans la maladie, même si le premier symptôme est plus souvent un syndrome de Raynaud », remarque-t-il. « Le suivi de cette cohorte, qui est la plus grande cohorte mondiale de patients sclérodermiques actuellement disponible, devrait permettre d’évaluer la valeur pronostique de l’atteinte articulaire », ajoute-t-il.
D’après un entretien avec le Dr Jérôme Avouac, service de rhumatologie A, hôpital Cochin, Paris.
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