Fractures sévères ostéoporotiques, focus sur les patients à risque de récidive et de décès

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Publié le 07/12/2023
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Selon les données de la cohorte Cross, plus de 10 % des patients hospitalisés pour fracture sévère récidivent dans les deux ans qui suivent. Certains facteurs de risque de fracture à court terme et de mortalité ont pu être identifiés dans cette étude, qui souligne aussi les progrès qu’il reste à faire. 

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les patients hospitalisés pour une fracture sévère de faible traumatisme sont à risque augmenté de mortalité, de morbidité et de nouvelle fracture. Il est ainsi recommandé de les prendre en charge dans le cadre d'un parcours de soins de type filière fracture.

Les facteurs de risque de mortalité et de nouvelle fracture à court terme ont été évalués chez les patients de la cohorte Cross (Conséquences et risques d’une ostéoporose sévère). Les sujets inclus étaient âgés de plus de 60 ans (sans limite d’âge) et étaient hospitalisés pour une fracture récente (moins de 3 mois) et sévère (hanche, bassin, vertèbre, humérus) de faible traumatisme. À l’inclusion et à deux ans, différentes éléments  ont été collectées : variables démographiques, antécédents de fracture, fractures incidentes, facteurs de risques osseux et de chutes, tests neuromusculaires, Frax, histoire des traitements, comorbidités, score de Charlson et mesure de la densité minérale osseuse (DMO) par ostéodensitométrie.

40 % des patients avaient déjà un antécédent de fracture

895 patients (79 % de femmes, âge médian de 81 ans) ont été inclus dans la cohorte avec une fracture sévère : vertébrale clinique (43,3 %), hanche (37,5 %), bassin (10,3 %) et humérus (11,1 %). « L’âge moyen 81 ans est élevé mais il rend bien compte de la réalité. En revanche, la répartition des fractures à l’inclusion avec un nombre élevé de fractures vertébrales est plus surprenante », fait remarquer la Pr Karine Briot (hôpital Cochin, Paris), coordonnatrice de l’étude. À l’inclusion, 48 % des patients avaient une ostéoporose densitométrique. « 40 % des patients avaient un antécédent personnel de fracture de faible traumatisme, mais seuls 17,7 % avaient reçu un traitement anti-ostéoporotique dans les cinq années précédant la fracture index alors que 21,4 % recevaient une supplémentation en calcium et 46,3 % en vitamine D. C’est vraiment dommage ! »

Au cours du suivi des deux ans, 116 fractures sévères (chez 110 patients, 12,9 %) et 80 décès (8,9 %) sont survenus. Un traitement anti-ostéoporotique a été prescrit chez 49,1 % des patients après la fracture (75 % biphosphonates) et initié dans les trois mois chez 63 % des patients. « Ainsi, seule la moitié des patients reçoivent un traitement anti-ostéoporotique après la fracture, alors que 80 % reçoivent une supplémentation en vitamine D. La prise en charge reste insuffisante : normalement, si l’on prend en compte les contre-indications et interactions médicamenteuses, on devrait traiter 80 % des patients ! Il reste des progrès à faire… », ajoute la Pr Karine Briot.

Quels facteurs de risque de récidive ? 

L’analyse multivariée a montré que la DMO basse au rachis (OR = 24,6), les chutes multiples (OR = 2,8) et l’âge (OR = 1,04) étaient significativement associés au risque de nouvelle fracture à deux ans. L’usage d’une aide à la marche, la présence d’un diabète ou d’un cancer métastatique étaient associés avec le risque de décès alors que l’initiation d’un traitement anti-ostéoporotique était associée à une diminution du risque de décès.

« Cette diminution du risque de mortalité associée à un traitement anti-ostéoporotique est peut-être le reflet d’une prise en charge globale. Des études observationnelles prospectives ont montré que le fait d’être suivi dans une filière fracture permettait de diminuer la mortalité », analyse la spécialiste, considérant, que « l'on ne peut donc pas dire que c’est le traitement médicamenteux qui diminue la mortalité. »

L’étude continue et des données à cinq ans sont attendues prochainement.

D'après un entretien avec la Pr Karine Briot (Paris)


Source : Le Quotidien du médecin