« L’attention portée aux crises de goutte fait souvent oublier que la goutte est aussi une maladie chronique », écrit l’Académie de médecine dans un communiqué soulignant que c’est en France l’arthrite la plus fréquente avec 0,9 % de la population touchée, soit plus de 500 000 personnes.
L’image d’une maladie auto-infligée et sans gravité « doit être corrigée », alors même que « cette maladie à composante génétique devient sévère avec une possible surmortalité précoce lorsqu’elle n’est pas traitée au long cours ». Outre le surpoids et la consommation d’alcool et d’aliments riches en purines, la génétique est un des facteurs principaux de l’hyperuricémie prolongée.
La goutte augmente le risque cardio-vasculaire
Un traitement hypo-uricémiant est « à introduire dès le diagnostic » et « à maintenir au long cours », insiste l’Académie dans son communiqué. « Si les crises sont résolutives en une à trois semaines, ou plus rapidement sous traitement, laisser les dépôts s’accumuler conduit à une infiltration et à une destruction des articulations », rappelle l’institution. Plus préoccupant encore, survient dans 3 à 4 % des cas un infarctus du myocarde (IDM) ou un accident vasculaire cérébral (AVC) au cours ou au décours d’une crise. Le risque d’événements cardiovasculaires graves persiste pendant quatre mois après la crise de goutte. En cause, l’inflammation déclenchée par les dépôts de cristaux d’urate de sodium mais aussi les comorbidités associées à la goutte (obésité, hypertension artérielle, diabète de type 2, dyslipidémies).
Le traitement hypo-uricémiant (en ciblant une uricémie < 50 mg/l [300 mmol/l]) est efficace. Pourtant les récidives de goutte restent fréquentes, en raison d’une « prescription insuffisante, notamment en rapport avec la crainte d’accidents cutanés graves liés à l’allopurinol » qu’une introduction posologique progressive peut suffire à prévenir, d’une « absence d’uricémie cible », et « surtout à une mauvaise adhésion au traitement », est-il listé.
De l’allopurinol avec une prophylaxie de 6 mois par colchicine
De petites doses de colchicine sont à associer en prophylaxie pendant les 6 premiers mois de traitement, selon les recommandations internationales et françaises. La colchicine préviendrait d’environ 40 % le risque de crises, qui reste plus important lors des trois premiers mois de traitement par hypo-uricémiant et lors de l’arrêt de la colchicine. L’allopurinol est à augmenter progressivement par palier selon le niveau de la fonction rénale et à adapter à l’uricémie, précise le communiqué. Ces deux dernières années, une nouvelle piste thérapeutique, non mentionnée par l’Académie, est suggérée avec les iSGLT2, qui pourraient convenir en particulier aux patients diabétiques et goutteux.
La goutte étant la maladie chronique avec « l’adhésion au traitement la plus faible », l’éducation thérapeutique (observance médicamenteuse, conseils alimentaires, réduction drastique de la consommation d’alcool) doit faire partie intégrante de la prise en charge afin que le patient comprenne sa maladie, comme le mettent en avant les dernières recommandations. La mobilisation se renforce à l’internationale alors que le nombre de décès liés à la goutte augmente, la prévalence de la maladie ayant doublé au cours des trente dernières années avec désormais environ 45 millions de personnes touchées dans le monde.
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