La goutte est associée à un risque augmenté d’événement cardiovasculaire (CV) et de mortalité CV due à la présence de nombreuses comorbidités et à l’inflammation de bas grade provoquée par les dépôts de cristaux d’urate de sodium. De plus, les crises inflammatoires sont associées pendant plus de 4 mois à un risque augmenté d’événement CV. Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 (iSGLT2) sont des nouveaux anti-diabétiques oraux qui ont montré des effets bénéfiques nombreux, cardio- et réno-protecteurs, diminuant les mortalités globales et CV chez des patients diabétiques ou non. De plus, les iSGLT2 diminuent l’uricémie et le risque de goutte incidente.
Deux études ont comparé les risques de crise de goutte, d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité globale chez des patients goutteux et diabétiques de type 2 initiant un traitement par iSGLT2 vs ceux initiant d’autres anti-diabétiques [agonistes du récepteur au peptide 1 glucagon-like (GPL-1RA) ou inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (ddp4i)].
Le risque de crise diminué de 21% à 34%
La première étude a été réalisée sur la base de données électroniques britannique IQVIA Medical Research Database qui contient les informations médicales d’environ 19 millions de patients de 839 médecins généralistes (1). Les sujets inclus avaient au moins un an de suivi dans la base de données entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2021. 1548 patients (âge moyen 61.8 ans, 84% hommes) traités par iSGLT2 ont été comparés à 4538 patients (âge moyen 67.5 ans, 75.4% hommes) traités par GPL-1RA ou ddp4i. Après ajustement par score de propension, le risque de crise de goutte était diminué de 21% (RR 0.79 (IC95% 0.65-0.97) chez des patients initiant un iSGLT2 par rapport à ceux initiant d’autres nouveaux antidiabétiques oraux (GLP-1RA ou ddp4i). Et le risque de récidive de crise de goutte était diminué de 19% chez les patients initiant un iSGLT2. Enfin, le traitement par iSGLT2 était aussi associé à une diminution de 29% (RR 0.71 (IC95% 0.52-0.92) de la mortalité globale par rapport aux 2 autres traitements. Cette diminution de la mortalité était observée dès la première année de traitement et était maintenue sur les 5 ans de suivi.
Dans la deuxième étude, les patients traités par iSGLT2 avaient un risque de crise de goutte diminué de 34 % (RR 0.66 IC95% (0.57-0.75) par rapport aux patients traités par ddp4i (2). Cette diminution des crises était associée à une diminution de 48% des consultations aux urgences et des hospitalisations, de 31% du risque des infarctus du myocarde et 19% celui des AVC.
Un effet sur l’inflammasome
Les données de ces deux études confirment les effets bénéfiques d’un traitement par iSGLT2 chez des patients goutteux et diabétiques. Des études antérieures avaient montré que les iSGLT2 diminuaient l’uricémie de façon modeste (d’environ 30-50 µmol/L). Les iSGLT2 ont aussi un effet anti-inflammatoire, en particulier inhibent l’activation de l’inflammasome NLRP3 qui joue un rôle majeur dans la crise inflammatoire goutteuse. Ces traitements sont à privilégier chez des patients diabétiques et goutteux.
Référence
(1) Wei Jie et al. Gout Flares and Mortality After Sodium-Glucose Cotransporter-2 Inhibitor Treatment for Gout and Type 2 Diabetes. JAMA open 2023
(2) McCormick N et al. Comparative Effectiveness of Sodium-Glucose Cotransporter-2 Inhibitors for Recurrent Gout Flares and Gout-Primary Emergency Department Visits and Hospitalizations: A General Population Cohort Study. Ann Intern Med 2023
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