COMME l’explique le Dr Pawel Szulc, « l’identification des hommes à risque de fracture ostéoporotiques est particulièrement difficile, la densité minérale osseuse (DMO) étant beaucoup moins contributive que chez la femme ménopausée. D’où la recherche d’autres paramètres d’évaluation, en l’occurrence microarchitecturaux ». Cela a été l’objectif d’une étude débutée en 2006 et dont le suivi est prévu pendant huit ans. Pour ce faire, 920 hommes âgés d’au moins 50 ans ont bénéficié d’une ostéodensitométrie classique afin de mesurer la DMO à la hanche, au rachis, sur le corps entier et à l’avant-bras distal. Le même appareil disposait d’un logiciel très récent permettant de mettre en évidence les fractures vertébrales. « Bien que la résolution des images ainsi obtenues soit un peu moins bonne qu’avec la radiographie, cette technique a l’avantage de pouvoir réaliser les deux examens dans le même temps, avec une irradiation beaucoup plus faible et moins de déformations », souligne P. Szulc. Parallèlement, le nombre fractures périphériques survenues après un traumatisme minime et avant le recrutement a été recueilli par questionnaire. Quant à la microarchitecture osseuse, elle a été évaluée grâce à un scanner spécifique très récemment disponible (microtomodensitométrie haute résolution) au radius distal et au tibia distal. Au début de l’étude, des fractures vertébrales ont ainsi pu être identifiées chez 100 hommes et 103 ont rapporté avoir eu des fractures périphériques. Globalement, les hommes ayant des fractures ostéoporotiques avaient une DMO plus basse (p < 0,001) et une détérioration de la microarchitecture aux deux sites examinés. Cependant, la plupart des différences mises en évidence n’étaient plus significatives après ajustement pour la DMO. La prise en compte de seulement certains paramètres microarchitecturaux a alors permis d’affiner ces résultats. Il est en effet apparu que la diminution de l’épaisseur et de la DMO volumétrique (DMOv) du tibia était associée à une augmentation de la prévalence des fractures ostéoporotiques après ajustement pour l’âge, le poids, la taille et aussi la DMO (OR = 1,34, p < 0,01 et OR = 1,23, p < 0,05). De même, la diminution de l’épaisseur et de la DMOv de l’os cortical du radius et du tibia était associée à un accroissement de la prévalence des fractures ostéoporotiques vertébrales, après ajustement pour les mêmes variables et donc la DMO (OR = 1,34 et 1,44, p < 0,05). Il existait également une association entre la gravité des fractures vertébrales et la diminution de l’épaisseur et de la DMOv de l’os cortical (p < 0,001) qui est aussi restée significative après ajustement pour la DMO. En revanche aucune association entre fractures périphériques et détérioration de la microarchitecture osseuse n’a pu être mise en évidence après ajustement pour la DMO, « ce qui souligne, explique Pawel Szulc, la plus grande difficulté à établir l’origine ostéoporotique d’une fracture périphérique qui est plus souvent en rapport avec un traumatisme qu’une fracture vertébrale, ce d’autant que, dans notre étude, le recueil des fractures périphériques concernait les dix ans précédant l’inclusion, de façon à maintenir la puissance statistique, et donc des sujets parfois assez jeunes ». Les données à 4 ans qui seront disponibles en février 2010 nous apporterons peut-être d’autres éléments. Pour l’heure, ces premiers résultats montrent déjà que, chez l’homme âgé, la présence de fractures vertébrales est associée à une détérioration de la microarchitecture de l’os cortical (mais non de l’os trabéculaire), et ce indépendamment de la DMO, les fractures vertébrales les plus sévères allant de paire avec une plus grande altération corticale.
D’après un entretien avec le Dr Pawel Szulc, Unité Inserm 831, Hôpital Edouard-Herriot, Lyon.
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