DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS AVONS IDENTIFIÉ une nouvelle caractéristique de la destruction articulaire dans la polyarthrite rhumatoïde », explique au « Quotidien » le Dr Elena Neumann ( Clinique Kerckhoff, Bad Nauheim, Allemagne). « Les fibroblastes synoviaux de la polyarthrite rhumatoïde, un type cellulaire responsable de la dégradation du cartilage dans les articulations des patients atteints de PR, sont capables de cibler et de détruire le cartilage sain à distance. La capacité de ces cellules à migrer vers des sites éloignés dans les articulations ou dans des articulations non affectées contribue très probablement à la propagation de la maladie. »
Cette découverte pourrait avoir des implications thérapeutiques, estime le Dr Neumann : « L'inhibition du potentiel migrateur de ces cellules pourrait aboutir à une protection du cartilage et des articulations non affectées ».
L’inhibition de la migration.
« Nous évaluons maintenant des approches pour inhiber spécifiquement la migration des fibroblastes synoviaux de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.Nous poursuivons aussi l'étude des mécanismes sous-jacents de la migration de ces cellules, afin d'identifier d'autres cibles potentielles pour supprimer la propagation de la maladie médiée par ce type cellulaire. Une approche vise à inhiber la migration de ces cellules à travers l'endothélium des vaisseaux sanguins (vers l'intérieur puis l'extérieur), afin de prévenir leur dissémination et protéger les articulations non atteintes. Plusieurs molécules candidates dérivées de la recherche des fibroblastes sont actuellement à l'étude », laisse-t-elle entrevoir.
La PR, on le sait, est caractérisée par une inflammation articulaire chronique qui aboutit à une destruction progressive des articulations. Si les macrophages, les cellules B et T, les chondrocytes et les ostéoblastes contribuent au processus destructeur, des acteurs clés dans ce processus sont les fibroblastes synoviaux actifs de la PR. Présents en grand nombre dans la synoviale rhumatoïde, ces fibroblastes s'attachent, envahissent puis dégradent le cartilage et l'os.
Cartilage et fibroblastes humains sous la peau de souris.
Afin d'évaluer la capacité de ces fibroblastes synoviaux à propager la PR in vivo, l'équipe du Dr Elena Neumann a conduit une expérience dans le modèle murin immunodéficient (SCID) de la PR. Cette souris déficiente en réponse humorale et cellulaire est incapable de rejeter des xénogreffes humaines.
De façon à simuler la première articulation touchée, les chercheurs ont implanté sous la peau de la souris SCID, du cartilage humain sain conjointement à des fibroblastes synoviaux humains activés de PR. Du côté opposé, ils ont implanté du cartilage sain sans ces fibroblastes activés.
Résultat : ces fibroblastes synoviaux humains de PR sont non seulement capables d'envahir et de dégrader le cartilage co-implanté, mais ils sont aussi capables de migrer vers le cartilage humain implanté du côté opposé, et d'envahir et de dégrader ce cartilage éloigné.
Les chercheurs ont constaté que cette migration se fait à travers la circulation sanguine des souris.
En revanche, ils n'ont détecté qu'un petit nombre de fibroblastes synoviaux humains dans les articulations saines des souris. Les chercheurs pensent donc que l'invasion des fibroblastes dans les articulations non affectées requiert très probablement la présence de microlésions, pour permettre l'attachement des fibroblastes à la matrice.
Nature Medicine 8 novembre 2009, Lefevre et coll., DOI: 10.1038/nm.2050
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