QUE PEUT FAIRE le médecin ? Dialoguer et adopter une posture éducative, explique le Dr Catherine Beauvais, rhumatologue (hôpital Saint-Antoine, Paris). Dans un premier temps, il doit s’interroger sur l’existence, chez une femme ménopausée, de facteurs de risque d’ostéoporose (antécédents familiaux, ménopause précoce, corticothérapie) afin de proposer un bilan permettant de confirmer ou d’infirmer le diagnostic. Puis expliquer, dans un second temps, les objectifs du traitement et ses diverses modalités (formes galéniques, fréquence d’administration, effets secondaires potentiels, conditions de remboursement). Pour que les points de vue du patient et du médecin puissent être, sinon confrontés, au moins échangés. Dès lors, le praticien peut demander de façon franche à sa patiente : « Vous sentez-vous capable de prendre ce médicament ? ». Et espérer obtenir une réponse fiable. En effet, entre deux ou plusieurs médicaments à effet bénéfique équivalent, le choix peut et doit être partagé, explique le Dr Beauvais, coauteur d’une étude d’évaluation de l’impact de l’éducation thérapeutique dans l’ostéoporose.
L’information.
Indispensable pour améliorer l’observance, cette information, gage de la décision conjointe, peut être réalisée simplement et assez rapidement comme en témoigne un travail de cette équipe parisienne : une séance d’éducation thérapeutique courte, de trente minutes environ, renouvelée à 3 mois, s’est montrée capable d’améliorer le niveau de connaissance de l’ostéoporose, des traitements et des apports alimentaires calciques de femmes souffrant d’ostéoporose post-ménopausique (*). On sait en effet, poursuit C. Beauvais, que le défaut d’observance est une vraie limite à la prise en charge de cette maladie longtemps silencieuse. Deux tiers des patientes (contre la moitié précédemment) suivraient correctement le traitement au long cours. Le fait de disposer de formes galéniques multiples joue un rôle important même s’il ne semble pas être le seul ; le fait de dialoguer et d’adopter une position de non-jugement est indispensable, y compris et peut-être surtout lorsque les patients admettent ne pas bien suivre les prescriptions ! Rappelons que les bisphosphonates sont disponibles en traitement quotidien (Actonel 5 mg), hebdomadaire (Actonel 35 et Actonel combi, Fosavance 5 600), mensuel (Actonel 75 mg, Bonviva), trimestriel (Bonviva IV), bisannuel (dénosumab par voie sous-cutanée des laboratoires Amgen, encore en développement), annuel (Aclasta), le ranélate de strontium (Protélos) sous forme orale en prise quotidienne et le tériparatide (Forstéo) sous forme injectable en sous-cutané.
Le choix du type de supplémentation en calcium et vitamine D passe aussi par le dialogue avec la patiente : évaluation rapide de la ration alimentaire calcique en consultation ou autoquestionnaire plus complet à remplir à la maison, suivie si besoin, de la prescription d’une supplémentation, évaluation de sa tolérance et, en cas d’intolérance, tentative de report sur une augmentation de la ration alimentaire calcique, choix d’une eau riche en calcium et/ou changement de la forme galénique. Le but étant de maintenir le dialogue pour permettre au patient d’évoquer sans crainte la réalité de sa compliance au traitement.
*Évaluation de l'impact d'une consultation éducative hospitalière dans la prise en charge de l'ostéoporose post-ménopausique. M. Rousière, C. Har, J.-P. Minitti, C. Beauvais and F. Berenbaum. Revue du Rhumatisme, Volume 74, Issues 10-11, November 2007, pages 1076-1077
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