SI L’ORIGINE de la polyarthrite rhumatoïde (PR) n’est pas encore identifiée, on sait aujourd’hui que plusieurs cytokines sont impliquées dans le processus inflammatoire, parmi lesquelles le facteur de nécrose tumorale (TNF) alpha, l’interleukine 1 (IL1) et l’interleukine 6 (IL6), qui a été identifiée comme étant un médiateur majeur de l’inflammation chronique.
Homologué en janvier dernier par la Commission européenne dans le traitement de la PR, le tocilizumab (TCZ) est le premier anticorps monoclonal humanisé inhibant les récepteurs de l’IL6. Comme l’a souligné le Pr Jean Sibilia (Strasbourg) lors d’un symposium qui s’est déroulé à l’occasion des Journées annuelles du Centre Viggo Petersen, cette molécule est un anti-récepteur de l’IL6, et non pas un anti-IL6, qui agit sur les récepteurs membranaires et sur les récepteurs solubles. Cela permet, d’une part, d’éviter les phénomènes d’échappement et, d’autre part, de ne pas bloquer complètement la production d’IL6 en préservant la sécrétion basale dont l’organisme a besoin. Le tocilizumab (RoActemra, Roche/Chugaï) est indiqué dans la PR modérée à sévère chez les patients adultes qui ont précédemment présenté, soit une réponse inadéquate, soit une intolérance à un ou plusieurs traitements de fond (DMARD) ou à un ou plusieurs antagonistes du facteur de nécrose tumorale (anti-TNF).
Vaste programme de recherche clinique.
Cette homologation fait suite aux résultats d’un vaste programme de recherche clinique dont le Pr Sibilia a retracé les grandes lignes. Ce programme comporte cinq études internationales de phase III, AMBITION, OPTION, TOWARD, LITHE et RADIATE qui avaient pour ambition d’évaluer son efficacité dans trois grandes situations : réponse inadéquate au méthotrexate ou à d’autres traitements de fond ; non-réponse ou échappement à un anti-TNF et polyarthrite débutante. Dans toutes ces études, le tocilizumab a été administré toutes les quatre semaines en perfusion intraveineuse d’une heure. AMBITION a comparé le TCZ au méthotrexate (MTX) chez des patients non encore traités ou n’ayant pas reçu de MTX depuis six mois*. OPTION, LITHE et RADIATE ont confronté le TCZ (4 ou 8 mg/kg) associé au MTX au MTX seul et TOWARD, était une comparaison entre le TCZ (8 mg/kg) associé à un traitement de fond* et un traitement de fond seul. Toutes ont évalué la réduction des signes et des symptômes, sauf LITHE qui portait sur l’inhibition des atteintes structurales.
« Ces travaux, a rappelé le Pr Sibilia, ont démontré l’efficacité symptomatique du tocilizumab quelle que soit la ligne de traitement, avec des résultats cohérents et constants dans les différents essais, et que son action est non seulement rapide et durable, mais qu’elle augmente avec le temps ». L’étude LITHE a, par ailleurs, mis en évidence à la 52 e semaine une inhibition significative de la progression radiographique chez les patients traités par l’association tocilizumab-méthotrexate.
Ces études ont également permis de cerner le profil de tolérance et de préciser les précautions d’emploi, qui sont désormais bien connues et qui feront l’objet de fiches adaptées à chaque situation.
D’après un symposium organisé par Roche lors des Journées annuelles du Centre Viggo Petersen, Paris.
* indications hors AMM
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