DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS DÉMONTRONS la présence de très grandes quantités de microparticules de plaquettes dans les liquides synoviaux de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ou d’autres pathologies inflammatoires des articulations, mais pas de patients atteints d’arthrose », explique au « Quotidien » l’immunologiste canadien Éric Boilard, premier signataire de l’étude dirigée par Dr David Lee (Harvard Medical School, Boston) et son équipe.
« Nous montrons que ces microparticules de plaquettes ne sont pas que " témoins " de l’inflammation, mais y participent, et ce en activant les synoviocytes via l’IL-1 qu’elles transportent. À l’aide d’approches pharmacologiques et génétiques, nous avons pu démontrer que l’activation des plaquettes et la libération consécutive des microparticules observée dans la polyarthrite, sont dépendantes de l’activation du récepteur de collagène GPVI (ou glycoprotéine VI ). »
« Considérées ensemble, ces observations démontrent un rôle sans précédent pour les plaquettes et leurs microparticules dans la polyarthrite et d’autres pathologies inflammatoires des articulations. »
Des implications cliniques.
« Il faut savoir que les thérapeutiques employées en ce moment ne sont malheureusement pas efficaces chez tous les patients souffrant d’arthrite. L’arthrite est une pathologie multifactorielle et le fait de pouvoir cibler une toute nouvelle cible (les plaquettes et microparticules) en plus des autres cibles déjà connues, sera bénéfique pour le patient atteint de cette pathologie dégénérative, estime Éric Boilard. De plus, les thérapeutiques actuelles visent l’inhibition de fonctions immunitaires (par ex, TNF) et sont par conséquent immunosuppressives. Nous croyons que notre recherche peut ouvrir la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques (par exemple GPVI) qui ne seraient pas immuno-suppressives. »
Les prochains objectifs.
« Nous pensons que les plaquettes et les microparticules pourraient participer à l’élaboration de la réponse inflammatoire via des mécanismes supplémentaires de ceux que nous avons identifiés ici. Nos travaux visent maintenant à découvrir les différentes fonctions que les plaquettes et microparticules pourraient remplir dans l’inflammation et à mieux comprendre comment elles sont transportées au site articulaire touché. »
Il y a probablement d’autres pathologies dans lesquelles le rôle des plaquettes n’a pas été étudié. Il est par conséquent probable que de futures études démontreront un rôle des plaquettes dans d’autres pathologies et permettront l’élaboration de nouvelles thérapeutiques mieux appropriées, laisse entrevoir Éric Boilard.
En mai, Éric Boilard sera nommé professeur à l’Universite de Laval (Québec) et assemblera alors une équipe pour mener ses propres travaux sur la compréhension des microparticules (Centre de Recherche en Rhumatologie et Immunologie).
Science du 29 janvier 2010, Boilard et coll., p 580
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?