À partir des registres rituximab (AIR-PR), abatacept (ORA) et tocilizumab (REGATE), une cohorte de plus de 3 000 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) en échec des anti-TNFs a comparé l'efficacité et la tolérance de ces trois biothérapies « dans la vraie vie ». C'est la première étude comparative de ces trois médicaments biologiques (1).
Les patients inclus étaient atteints de PR selon les critères de 1987 de l'ACR, inscrits à l'un des trois registres de la Société française de rhumatologie (SFR), suivis au moins 24 mois : 3 162 patients ont fait l'objet de l'analyse, 1 614 traités par rituximab, 610 par abatacept et 938 par tocilizumab.
Le critère de jugement principal était le pourcentage de patients poursuivant leur traitement sans échec (décès, arrêt du traitement, initiation d'un nouveau traitement, augmentation de la cortisonothérapie) à 24 mois.
Plus de 60 % des patients sous rituximab et tocilizumab sans échec après deux ans de traitement
Au 24e mois, 68,6 % des patients (intervalle de confiance à 95 % : 65,3-71,5) étaient toujours sous rituximab sans échec, 39,3 % (34,1-44,5) pour l'abatacept et 63,4 % (56,1-69,8) pour le tocilizumab. La durée moyenne de survie sans échec était plus grande avec le rituximab (19,8 mois) et le tocilizumab (19,1 mois) qu'avec l'abatacept (15,6 mois). À 24 mois, une réponse EULAR bonne ou modérée était constatée chez un plus grand nombre de patients traités par rituximab ou tocilizumab que par abatacept. Aucune différence n'a été observée entre les traitements pour la durée moyenne de survie sans décès, la découverte d'un cancer, d'une infection grave ou d'événements cardiovasculaires indésirables majeurs.
Ces données de registres permettent de compléter les données d'essais contrôlés randomisés ou de méta-analyses afin d'évaluer ces médicaments en pratique courante. Jusqu'à présent, quelques études ont comparé l'efficacité et la tolérance des différents anti-TNFs mais il n'y a aucune étude comparative randomisée du rituximab, de l'abatacept et du tocilizumab et il est fort probable qu'une telle étude comparative ne sera jamais effectuée car trop lourde d'un point de vue méthodologique.
Une forte implication de la SFR en tant que promoteur de registres
Ce travail consacre la très forte implication de la SFR dans les registres de biothérapies depuis près de 15 ans. L'aventure avait commencé au début des années 2000 avec une étude médico-économique de l'infliximab, premier anti-TNF utilisé en France (étude EMER [2]) et poursuivie par la mise en place des cohortes ESPOIR (3) (pour la PR) et DESIR (4) [pour les spondyloarthrites] qui ont donné lieu à de multiples travaux et publications originales. La SFR est ainsi devenue au fil des années, avec le soutien de ses partenaires industriels, un promoteur de registres et de cohortes garantissant l'indépendance de l'analyse des données.
L'aventure se poursuit, avec de nouveaux registres et cohortes : registre ART, cohorte APACHE et prochainement un registre des inhibiteurs de janus-kinases.
(1) Gottenberg JE et al. Comparative effectiveness of rituximab, abatacept, and tocilizumab in adults with rheumatoid arthritis and inadequate response to TNF inhibitors: prospective cohort study. BMJ 2019;364:l67. http://dx.doi.org/10.1136/bmj.l67 (2) Sany J et al. Medico-economic evaluation of infliximab in rheumatoid arthritis--prospective French study of a cohort of 635 patients monitored for two years. Rheumatology (Oxford) 2009;48:1236-41
(3) http://lacohorteespoir.fr
(4) http://www.lacohortedesir.fr
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?