Animé par les Drs Christelle Sordet (CHU Strasbourg) et Didier Poivret ( CHR Metz), la rencontre a fait le point sur les atouts de l’ETP dans la relation médecin malade, alors même que les praticiens constatent à quel point leur seul discours technique ne suffit plus pour prendre en compte toutes les facettes des affections rhumatologiques.
« Nous devons d’abord réapprendre à écouter nos patients et à leur parler un langage qu’ils comprennent », explique le Dr Poivret, tout en leur donnant les moyens de mieux se prendre en charge. À Strasbourg et à Metz, les patients qui le souhaitent peuvent participer, en petits groupes de 6 ou 8, à des journées annuelles d’ETP organisées dans ces deux hôpitaux, où ils suivent notamment des ateliers d’hygiène, de nutrition, d’ergonomie, d’apprentissage de l’auto injection et de médicaments. En raison du nombre de patients volontaires, les soignants organisent jusqu’à deux journées de ce type par mois, mais souhaiteraient que les professionnels libéraux puissent prendre le relais, un vœu qui bute pour l’instant par l’absence de toute rémunération pour ces derniers.
Moins d’infections, moins de soins à domicile
Ce sont donc les médecins hospitaliers, de même que les pharmaciens, les infirmières, les kinésithérapeutes et les nutritionnistes salariés qui organisent ces journées, dont le développement est pourtant « rentable » aussi en pratique quotidienne : moins d’infections, moins de soins à domicile, notamment pour les injections, et un confort de vie accru. La rhumatologie constitue le cinquième domaine, après le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et l’asthme, dans lequel le recours aux ETP est le plus fréquent, et il est temps selon les médecins de passer le flambeau aux professionnels de ville, comme cela commence déjà à se faire pour le diabète. Outre les rhumatologues libéraux, les généralistes, et les pharmaciens d’officine sont particulièrement motivés pour ces missions, assurent leurs promoteurs.
Par ailleurs, le colloque de Strasbourg a fait le point sur les méthodes susceptibles de compléter l’ETP « classique », avec notamment l’apprentissage, pour les médecins, de la « médecine narrative », c’est-à-dire le fait de savoir écouter, mais aussi et surtout décrypter le discours du patient. Les médecins eux-mêmes n’en sont pas toujours conscients mais, en moyenne, ils coupent la parole à leurs patients au bout de 18 secondes, alors qu’il serait bien plus utile de les laisser s’exprimer au moins deux minutes. Enfin, la rencontre a présenté une application de smartphone pour le suivi des biothérapies et exploré les ressources de l’art-thérapie et du théâtre dans la lutte contre la douleur.
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