L'anifrolumab (Saphnelo, laboratoire AstraZeneca) est indiqué en traitement additionnel chez les patients adultes atteints d’un lupus érythémateux systémique (LES) modéré à sévère, actif avec présence d’auto-anticorps, malgré un traitement standard. Saphnelo n'a pas sa place dans la néphrite lupique active sévère et du lupus actif sévère du système nerveux central.
« Touchant entre 25 000 et 30 000 patients en France (90 % de femmes jeunes avec un pic de fréquence entre 30 et 39 ans), le LES est une maladie inflammatoire chronique auto-immune rare qui se manifeste par des symptômes très variables surtout au niveau de la peau et des articulations (deux tiers de lésions cutanéo-articulaires) mais aussi des atteintes viscérales (reins, système nerveux, poumons, cœur…). Entre 5 et 12 % des patients souffrent de fibromyalgie et la fatigue est très présente », explique le Pr Éric Hachulla (CHRU de Lille).
« La grossesse constitue une période à surrisque de poussée ainsi qu’à risque thrombotique et de perte fœtale. Le lupus peut être associé à d’autres maladies auto-immunes (thyroïdite, hépatite…) », poursuit-il.
Le signe cutané caractéristique est une rougeur en forme d’ailes de papillon au niveau du visage (haut des joues et racines du nez), avec parfois une discrète desquamation.
Les traitements de fond du lupus reposent sur l’administration au long cours d’un antipaludéen de synthèse et/ou les corticoïdes, et en cas d'échec sur les immunosuppresseurs/immunomodulateurs (dont méthotrexate) et certaines biothérapies (anticorps monoclonal bélimumab).
L’interféron 1, une cible clé
Les voies de l’interféron (IFN) sont connues pour jouer un rôle central dans la physiopathologie du LES et les différentes atteintes d'organes. L’anifrolumab, qui inhibe l’IFN de type 1, bloque la différenciation des plasmocytes et normalise les sous-ensembles de lymphocytes T périphériques, restaurant l'équilibre entre l’immunité adaptative et innée qui n’est plus régulé dans le LES.
L'essai Tulip-2 a évalué l’efficacité et la tolérance de l'anifrolumab par rapport au placebo chez 362 patients atteints d’un lupus érythémateux systémique actif modéré à sévère avec des auto-anticorps positifs malgré un traitement standard. Alors que Tulip-1 n'a pas atteint son critère d’évaluation principal basé sur le score composite SRI-4, Tulip-2 s'est révélée positive avec le score composite Bicla.
Diminution des corticoïdes
Le taux de réponse Bicla à la semaine 52 est significativement plus élevé avec l'anifrolumab qu’avec le placebo : 47,8 % versus 31,5 %, soit une différence de 16,3 points à l’avantage de l'anifrolumab à 300 mg (IC 95 % : [6,3 ; 26,3] p ajusté = 0,001). De plus, Tulip-2 a mis en évidence une réduction significative de la prise de corticoïdes par voie orale à une dose inférieure à 7,5 mg/j de la semaine 40 à la semaine 52. Un patient sur deux a également présenté une amélioration significative de ses lésions cutanées à la semaine 12.
Dans l’étude d’extension Tulip LTE (pour long term extension) avec un recul de quatre ans, le profil de sécurité de l'anifrolumab dans le LES est cohérent avec les études de 52 semaines. Les événements indésirables les plus fréquemment rapportés étaient les infections des voies respiratoires supérieures, la bronchite et le zona. Tous ces effets diminuaient avec le temps. L'anifrolumab est pris en charge en France dans les formes cutanées chez les patients inéligibles au bélimumab ou en cas d'échec du bélimumab.
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