DANS UN COUPLE, la contraception reste le plus souvent l’histoire des femmes… mais la parité gagne du terrain ! Il se pourrait que dans un avenir proche les couples disposent enfin d’une alternative hormonale masculine à « la pilule » féminine. À l’étude depuis les années 1970, la testostérone injectable semble être un moyen contraceptif efficace et acceptable, d’après les récents résultats d’une équipe dirigée par le Dr Yiqun Gu de l’Institut national de recherche pour le planning familial à Pékin. Il était connu que cette hormone mâle freinait la spermatogenèse comme les autres androgènes. Une des forces de l’équipe est d’avoir mis au point une formulation injectable de demi-vie longue et de cinétique stable, la testostérone undécanoate (TU). Alors que la classique testostérone énanthate nécessitait une injection hebdomadaire, une administration par mois est suffisante pour la TU.
Oligospermie < 1x10 6/ml.
Sur les 1 045 sujets sains recrutés à travers toute la Chine, 855 vivant maritalement avec une femme en âge de procréer ont été inclus au final. Preuve de l’acceptabilité et de la tolérance à court terme de cette méthode, peu de sujets ont été perdus de vue. Plus de 85 %, soit 733 participants, ont complété l’étude en totalité. L’essai était constitué d’une phase de traitement pendant trente mois à raison d’une injection mensuelle de TU. Les six premiers mois visaient à obtenir une oligospermie sévère à ≤ 1x10 6/ml, ce qui correspond à un seuil d’efficacité trois fois plus exigeant que les études précédentes (≤ 3x10 6/ml). Seule la première injection était dosée à 1 000 mg, toutes les suivantes l’étaient à 500 mg. Pour critère principal d’efficacité, les auteurs ont choisi le taux de grossesse chez les partenaires. Neuf grossesses ont été constatées pour 1 554 personne-années de traitement, ce qui correspond à un taux cumulé de 1,1 pour 100 hommes et à un taux d’échec de la méthode pour la première année de 6,1 %. C’est mieux que les préservatifs, le coït interrompu et la contraception orale féminine avec respectivement un taux d’environ 17 %, 18 % et 8 % pour ce dernier paramètre. Parmi les neuf couples « en échec », six hommes présentaient un rebond post-freinage. La spermatogenèse était rétablie à la normale, c’est-à-dire à › 20x10 6/ml, en moyenne vers le 7e mois après l’arrêt de la testostérone. Deux sujets ont conservé des oligospermies à 18 mois, dont l’une était modérée au taux de 13x10 6/ml et l’autre pouvait être expliquée par une infection intercurrente épididymaire.
Bonne tolérance… à court terme.
À court terme, aucun effet indésirable (EI) grave n’a été signalé, tant sur le plan clinique que biologique. Les EI les plus fréquents étaient une sensibilité et une gêne au lieu de l’injection, surtout pour les premières. Si quelques cas de dysfonction érectile ont été constatés, la libido avait pourtant davantage tendance à grimper. Sur le plan biologique, les bilans lipidiques, le taux d’hémoglobine et de PSA sont restés stables. Les auteurs soulignent que le volume testiculaire et le taux d’hémoglobine ne sont pas revenus aux taux de base, même une fois les taux hormonaux rétablis. La récupération pourrait être plus lente à plus d’un an, ce qui doit être confirmé par des études à plus long terme. De plus, même si les premières données de tolérance sont rassurantes, il est nécessaire de poursuivre la surveillance à long terme, en particulier aux niveaux comportemental, prostatique et cardio-vasculaire.
JCEM, parution juin 2009.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?