LA PRÉVALENCE de la dysfonction érectile, qui entraîne une dégradation de la qualité de vie non négligeable, a été évaluée de 20 à 45 % et son incidence à 25 à 30 nouveaux cas pour 1 000 habitants par an dans les pays occidentaux (1). Néanmoins, peu de patients consultent spécifiquement pour ce motif et le traitement demeure limité (2). Une étude récente a confirmé la prévalence de la dysfonction érectile chez les patients pris en charge en urgence pour une coronaropathie avérée (3).
L’étude de sa physiopathologie, multifactorielle, a permis de mettre en évidence le rôle de l’endothélium caverneux, du NO et du VEGF dans la régulation fonctionnelle des cellules musculaires lisses, et la place essentielle des facteurs de risque cardio-vasculaire (4).
Les données épidémiologiques ont également fait évoluer le concept de dysfonction érectile vers celui de symptôme sentinelle d’une maladie cardiovasculaire et, plus récemment, du syndrome métabolique. Elle constitue en effet un signe précurseur prédictif du risque d’événement cardio-vasculaire et de décès chez les diabétiques ayant une coronaropathie silencieuse (5).
Mettre en évidence un syndrome métabolique.
Ainsi, en cas de signe fonctionnel sexuel, il est nécessaire de rechercher les éléments constitutifs du syndrome métabolique. Celui-ci comporte 5 critères, dont trois sont nécessaires au diagnostic : une obésité dite centrale ou abdominale, des triglycérides élevés, un taux de HDL-cholestérol bas, une glycémie élevée et une hypertension artérielle. Ce syndrome est considéré comme un marqueur du risque cardio-vasculaire, notamment chez les adultes d’âge moyen. Il constitue un stade précurseur de l’insuffisance coronaire et du diabète de type 2, qui sont des causes majeures de mortalité et de morbidité dans les pays industrialisés. Le dosage de la glycémie postprandiale, l’exploration des anomalies lipidiques, la mesure du périmètre abdominal et la mesure de la pression artérielle doivent donc faire partie de l’évaluation standard d’un patient consultant pour dysfonction érectile. La mise en évidence d’un syndrome métabolique justifie à son tour la mise en uvre rapide de mesures thérapeutiques et hygiénodiététiques. Enfin, devant des signes évocateurs de syndrome métabolique il est conseillé d’interroger le patient sur l’existence d’une dysfonction érectile et de rechercher un syndrome de déficit en testostérone.
Médicament d’aide à l’érection.
Les recommandations publiées en 2005, dont la mise à jour est en cours, précisent qu’à la fin d’une évaluation médicale, sexuelle et psychosociale initiale, le médecin généraliste « peut prescrire lui-même à son patient un médicament d’aide à l’érection s’il s’agit d’une dysfonction érectile sans facteurs de complexité ». Le traitement oral par iPDE5, en dehors de ses contre-indications « sera proposé en première intention ». La sécurité d’emploi de ces molécules a été réaffirmée, y compris chez des sujets ayant une coronaropathie silencieuse (5). Les patients doivent être rassurés en ce qui concerne la tolérance cardio-vasculaire des iPDE5, même en cas de prise concomitante d’un traitement à visée cardiaque ou vasculaire. La seule exception formelle est celle des dérivés nitrés et des donneurs de monoxyde d’azote (molsidomine et nicorandil). Des conseils hygiénodiététiques de modification des habitudes de vie complètent la prescription.
Enfin, la prévention de la dysfonction érectile fait appel à des mesures hygiénodiététiques et/ou médicamenteuses : perte de poids, arrêt du tabagisme, pratique d’un exercice physique suffisant, correction d’une éventuelle hypertension artérielle et/ou d’une dyslipidémie.
Références
(1) Droupy S. Epidémiologie et physiopathologie de la dysfonction érectile. Ann Urol 2005 ; 39 (2) : 71-84.
(2) Droupy S, et coll. Prévalence de la dysfonction érectile chez les patients consultant en urologie : l’enquête ENJEU (Enquête nationale de type 1 Jour sur la prévalence de la dysfonction Érectile chez des patients consultant en urologie). Prog Urol 2009 ; 19 (11) : 830-8.
(3) Cordier C, et coll. Prévalence et sévérité de la dysfonction érectile dans une population d’insuffisants coronariens : étude monocentrique. Prog Urol 2008 ; 18 (9) : 595-600.
(4) Galiano M, et coll. Dysfonction érectile et cellules endothéliales caverneuses. Prog Urol 2010 ; 20 (3) : 188-93.
(5) Gazzaruso C, et coll. Erectile dysfunction as a predictor of cardiovascular events and death in diabetic patients with angiographically proven asymptomatic coronary artery disease: a potential protective role for statins and 5-phosphodiesterase inhibitors. J Am Coll Cardiol. 2008 ; 51 (21) : 2040-4.
(6) Cour F, et coll. Recommandations aux médecins généralistes pour la prise en charge de première intention de la dysfonction érectile. Prog Urol 2005 ; 15 (6) : 1011-20.
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