CHEZ L’HOMME de plus de 60 ans, l’hyperplasie bénigne de prostate (HBP) est l’affection la plus fréquente. Sa prévalence lors d’examens histologiques atteint en effet 70 %, et même 90 % au-delà de 70 ans. Sur le plan clinique, les manifestations (pollakiurie, dysurie, impériosités, fuites…) sont variables d’un sujet à l’autre, sans corrélation avec le volume prostatique. Le retentissement des troubles urinaires peut être rapproché de celui du diabète…
Insomnie, troubles sexuels.
Comme le précise la Haute Autorité de Santé, les symptômes retentissent de façon variable sur la qualité de vie et motivent généralement la demande de traitement. L’évaluation de l’importance de la symptomatologie des hommes souffrant de troubles mictionnels peut faire appel au score international des symptômes de prostatisme (IPSS, pour International Prostatic Symptom Score). Constitué de 7 questions cotées chacune de 0 à 5, il a été mis au point pour l'auto-évaluation par le patient sur une échelle de 0 à 35. Il est actuellement recommandé d’évaluer la qualité de vie par une question dont les réponses varient de « très satisfait » à « très ennuyé » et sont cotées de 0 à 6. Cette évaluation, sans chercher à « résumer » les conséquences des symptômes urinaires sur la qualité de vie, peut permettre la mise en uvre d’un entretien sur ce thème lors d’une première consultation et au cours du suivi afin d’évaluer l’évolution de la maladie et la réponse au traitement. Il a été montré que le score IPSS est fortement corrélé de manière positive à la qualité de vie évaluée au moyen d’un questionnaire validé, le Benign Prostatic Hyperplasia (BPH) Impact Index (BPH-II) (1). L’insomnie est par exemple fréquente chez les patients présentant des troubles urinaires du bas appareil liés à l’HBP et elle semble pour l’essentiel secondaire aux troubles prostatiques (2).
Les troubles urinaires liés à une hypertrophie prostatique bénigne sont également un facteur indépendant de l'apparition de troubles sexuels. Leur influence est supérieure à celle de l'hypertension artérielle, du diabète ou du tabagisme. Globalement, lorsque les troubles urinaires sont modérés, l’altération de la qualité de vie est comparable à celle que provoque le diabète ou l’hypertension artérielle et lorsqu’ils sont importants, elle peut être rapprochée de celle d’un accident vasculaire cérébral ou d’un infarctus myocardique (3).
Une étude épidémiologique.
Une étude de qualité de vie sur plus de 1 000 patients. Une évaluation de l’IPSS a été mise en uvre dans l’étude DUO (Détermination de la prise en charge par les Urologues de l'hypertrophie bénigne de la prOstate) (4). Cette étude épidémiologique observationnelle prospective multicentrique a porté sur plus de 1 000 patients suivis par 202 urologues. Elle avait été réalisée afin de connaître les facteurs qui conditionnent le choix thérapeutique des urologues en pratique courante. Elle a en premier lieu montré qu’au cours du suivi, d’une durée de 6 mois, l’IPSS moyen des patients est passé de 14,9 (± 6,7) lors de l'inclusion à 10,5 (± 6,7) sous traitements médicaux et chirurgicaux. Elle a également montré que les facteurs favorables au choix d'une intervention chirurgicale plutôt qu'à un traitement pharmacologique étaient notamment la sévérité des symptômes de l’hypertrophie prostatique, le souhait du patient et l'amélioration attendue de la qualité de vie. Il a été montré que les traitements médicaux sont associés à une amélioration de la qualité de vie de 1,6 points sur une échelle de 6, à rapporter à une amélioration de 0,4 point en cas de simple surveillance (5). Ainsi, les conséquences de l’HBP sont loin d’être négligeables et les traitements, médicaux et chirurgicaux, permettent de les améliorer.
Références
(1) O’Leary MP, et coll. ; BPH Registry and Patient Survey Steering Committee. Correlation of the International Prostate Symptom Score bother question with the Benign Prostatic Hyperplasia Impact Index in a clinical practice setting. BJU Int 2008 ; 101 (12) : 1531-5.
(2) Chartier-Kastler E, et coll. Etude observationnelle nationale (Association française d’urologie) de l’impact de la nycturie sur le sommeil des patients porteurs d’une hyperplasie bénigne de la prostate. Prog Urol 2009 ; 19 (5) : 333-40.
(3) Robertson C, et coll. The impact of lower urinary tract symptoms and comorbidities on quality of life: the BACH and UREPIK studies. BJU Int 2007 ; 99 (2) : 347-54.
(4) Fourcade R-O, et coll. Facteurs déterminant le choix thérapeutique des urologues pour la prise en charge des patients ayant une hypertrophie bénigne de la prostate. L'étude DUO. Presse Med 2007 ; 36 : 755-63.
(5) Hutchison A, et coll. The efficacy of drugs for the treatment of LUTS/BPH, a study in 6 European countries. Eur Urol 2007 ; 51 (1) : 207-15.
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