FATIGUE, proximité des enfants, préoccupations liées à l’argent ou au travail, maux de tête, excès d’aliments ou d’alcool..... sont autant d’alibis classiques pour éviter de faire l’amour avec son ou sa partenaire. D’après l’étude Lilly*, dans près de 40 % des cas, les personnes ressentant un manque de désir dans leur couple ou ayant rencontré des problèmes d’érection ont déjà inventé des excuses pour ne pas avoir de rapport sexuel. Cette stratégie d’évitement serait, toutefois, plus fréquente chez les femmes (33 %) que chez les hommes (15 %). La fatigue étant le prétexte le plus utilisé. « Les excuses peuvent dissimuler une baisse passagère de libido mais aussi un vrai problème sexuel (dysfonctionnement érectile, anorgasmie...). Honte, difficulté de se confronter au problème, apparente absence de solution..., plusieurs raisons peuvent motiver ce mensonge », affirme le Pr Pierre Costa, chef du service urologie au CHU de Nîmes et président de l’Association inter-hospitalo-universitaire de sexologie (AIHUS).
De multiples causes peuvent entraîner des troubles d’ordre sexuel au sein du couple : mésentente, problèmes économiques, mauvaise estime de soi, enfants nés de façon rapprochée sans que le couple y soit préparé..., 57% des personnes interrogées, ayant rencontré ce type de problèmes, mettent en cause le stress et leurs préoccupations. « Dans la société actuelle, une sexualité épanouie est souvent considérée comme un gage de réussite et de jeunesse. Résultat : certains hommes ressentent une anxiété de performance, ce qui peut les bloquer dans l’intimité. Cette anxiété peut également être doublée d’une cause organique. Dans tous les cas, il faut discuter des problèmes de sexualité au sein du couple. Et lorsque les troubles s’installent, il convient de solliciter une aide extérieure : le médecin de famille est armé pour répondre aux questions du couple et orienter vers un spécialiste, si besoin », souligne le Pr Pascal Rischmann, chef de service urologie au CHU de Toulouse Rangueil et président de l’Association Française d’Urologie (AFU).
Le manque de désir semble fréquent dans la vie de couple : 49 % des personnes interrogées avouent avoir déjà vécu une telle situation. Ce problème serait davantage féminin (53 % des femmes contre 44 % des hommes). De leur côté, les hommes sont plus nombreux que les femmes à souligner l’existence d’un problème d’éjaculation précoce ou de dysfonction érectile. Des troubles particulièrement liés à l’âge : ils concernent 17 % des jeunes de 18 à 24 ans et 40 % des hommes de plus de 65 ans.
Des solutions.
Par ailleurs, seulement 31 % des Français interrogés ayant l’expérience de troubles érectiles considèrent ce problème comme une maladie. Ce pourcentage tombe à 27 % chez les personnes ayant rencontré un problème d’éjaculation précoce et à 17 % dans le cas d’un manque de désir. « La part psychologique est importante, même lorsque le trouble a une cause organique. Cela explique souvent que les personnes concernées ne considèrent pas leurs problèmes sexuels comme une maladie. Ils tardent parfois à consulter. Or, les solutions existent, même lorsque la cause est organique. Des médicaments efficaces traitent, aujourd’hui, les maladies pouvant causer des problèmes sexuels : troubles urinaires, vasculaires, diabète..... D’autres médicaments plus spécifiques – tels que les inhibiteurs des phosphodiestérases de type 5 – favorisent l’érection. Et lorsque les médicaments sont insuffisants, des injections intracaverneuses peuvent être envisagées. Les personnes intéressées peuvent également bénéficier d’une intervention chirurgicale permettant de restaurer les érections », précise le Pr Rischmann.
Parmi les solutions envisagées pour régler un problème sexuel, le dialogue avec le médecin est cité en deuxième position par 26 % des personnes interrogées, après la communication au sein du couple (35 %). « Communiquer reste la meilleure façon de régler un problème sexuel. L’intérêt du traitement médicamenteux – pour les hommes qui en ont besoin – est de ne plus trouver d’excuses pour éviter un rapport sexuel. Restaurer l’érection permet souvent de retrouver l’harmonie dans sa vie intime. Si ce n’est pas le cas, il faut rechercher d’autres causes – parfois psychologiques – aux problèmes sexuels », conclut le Dr Sylvain Mimoun,
* Étude Lilly /IFOP 2010, Les Français et la sexualité dans le couple, juin 2010.
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