Au féminin et au masculin

Un tour d’horizon des dysfonctions sexuelles

Publié le 29/04/2011
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EN CAS d’incontinence urinaire d’effort chez la femme, la rééducation et la chirurgie constituent les principales options thérapeutiques. Dans le cas où un défaut de maintien de l’urètre est identifié – il se traduit cliniquement par une hypermobilité cervico-urétrale – le traitement chirurgical de référence consiste en la mise en place d’une bandelette sous-urétrale. Celle-ci permet en effet de recréer un soutien physiologique sous l’urètre.

Statique pelvienne et sexualité.

Mais la sexualité des femmes souffrant de fuites d’urine est souvent perturbée et c’est parfois un motif de consultation. Dans une étude italienne portant sur 133 femmes, A. Vianello et coll. ont pu montrer que l’activité sexuelle est significativement améliorée par la mise en place d’une bandelette sous-urétrale (1). Avant l’intervention, 53 femmes (39 %) n’ont pas de vie sexuelle active, tel que mesuré par un questionnaire FSFI (index de fonction sexuelle de la femme). Elle se normalise chez 37 patientes un an après chirurgie. Par ailleurs, chez les femmes qui avaient une vie sexuelle normale au début de l’étude (n = 35), sept sont devenues inactives subséquemment à l’intervention. Globalement, une amélioration significative de la vie sexuelle a été constatée après chirurgie.

De même, en cas de réparation chirurgicale d’un prolapsus génital, l’utilisation d’implants de renfort tricotés chez 96 femmes de 51 ans en moyenne a été suivie d’une amélioration significative des paramètres de la fonction sexuelle évaluée à 2 ans, par l’index FSFI (Female Sexual Function Index). Les douleurs, qui ont été constatées en période postopératoire, se sont amendées à l’issue d’une période de suivi de trois mois (2).

Dysfonction érectile.

La dysfonction érectile (DE) est, entre autres, un symptôme sentinelle de maladie cardiovasculaire et du syndrome métabolique. Sa mise en évidence en impose donc la recherche ainsi que la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire du patient, tel que recommandé par l’association interhospitalo-universaitaire de sexologie (AIHUS).

Une étude (3) réalisée par O. Baldo et coll. montre que la DE est associée à une réduction de la vasodilatation périphérique lors d’une épreuve d’effort. Dans ce travail, réalisé chez 47 hommes atteints et 53 témoins (appariés par âge, IMC et tabagisme), la durée de l’exercice et la capacité aérobique maximale sont apparues significativement inférieures en cas de DE. La consommation maximum d’oxygène et la production maximale de CO2 étaient également significativement plus basses chez ces sujets, par comparaison avec les témoins, alors même que la fréquence cardiaque, la pression artérielle et le débit cardiaque maximums étaient semblables dans les deux groupes. Ce phénomène pourrait être expliqué, selon les auteurs, par la dysfonction endothéliale qui atteint les artères périphériques.

Enfin, dans l’étude SPOUSE, qui s’intéresse plus spécifiquement à la satisfaction de la partenaire, le suivi prospectif de 71 couples sur 24 mois montre que le traitement par prothèse pénienne est associé à une meilleure satisfaction des patients et de leur partenaire féminine que les autres traitements auxquels il a été comparé, ceux-ci étant non chirurgicaux (4).

Côté prise en charge, à l’issue d’une évaluation médicale, sexuelle et psycho-sociale initiale, le médecin généraliste « peut prescrire lui-même à son patient un médicament d’aide à l’érection s’il s’agit d’une dysfonction érectile sans facteurs de complexité ». Le traitement oral par iPDE5, en dehors de ses contre-indications, « sera proposé en première intention », rappelle le Pr Droupy (CHU de Nîmes). La sécurité d’emploi de ces molécules a été réaffirmée, y compris chez des sujets ayant une coronaropathie silencieuse. En cas d’inefficacité, de nouvelles options thérapeutiques sont à l’étude, comme la stimulation de la guanylate-cyclase (5), en cours d’évaluation chez l’homme, ou le traitement par ondes de choc de faible intensité, actuellement l’objet d’une étude pilote (6).

Ejaculation prématurée.

Les antidépresseurs sont connus pour avoir comme effets indésirables divers troubles sexuels dont une éjaculation retardée, voire une anéjaculation… Cet effet indésirable a été considéré comme un possible effet bénéfique chez les personnes présentant une éjaculation prématurée. C’est pourquoi un essai randomisé monocentrique a tenté de comparer l’effet de l’acupuncture à celui de la paroxétine (7). Ce travail a porté sur 90 patients, recevant soit 20 mg/jour de paroxétine soit une prise en charge par acupuncture deux fois par semaine, celle-ci étant réelle ou factice (groupe témoin). Après 4 semaines, le délai d’éjaculation intravaginale a été prolongé dans les groupes acuponcture et paroxétine, tandis qu’il est resté stable dans le groupe témoin.

Ainsi, cette étude suggère que l’acuponcture pratiquée conformément aux règles de l’art et la paroxétine d’autre part, présente toutes deux une efficacité. Reste à comparer ces deux méthodes dans un essai de plus grande ampleur.

› Dr GERARD BOZET

D’après un entretien avec le Pr Stéphane Droupy (CHU Nîmes), responsable du comité d’andrologie de l’AFU.

(1) Vianello A, et al. Sexual activity before and after mid urethral sling. A prospective multicentre study (Abstract 58).

(2) Hoda MR, et coll. Female sexual function after vaginal surgery using transobturator mesh for cystocele and rectocele repair (Abstract 60).

(3) Baldo O, et coll. Cardiorespiratory fitness in men with erectile dysfunction (Abstract 355).

(4) Nehra A, et coll. The SPOUSE Study - evaluating erectile dysfunction treatment outcomes and satisfaction in patients and their partners: Treatment satisfaction and quality of life outcomes (Abstract 1072).

(5) Sandner P, et coll. Combinations of sGC stimulators and PDE5 inhibitors as new treatment option for difficult to treat ED patients with insufficient response to PDE5 inhibitor therapy (Abstract 1066).

(6) Vardi Y, et coll. Penile low intensity shock waves – a new non-invasive alternative for ED patients not responding to PDE5i’s (Abstract 1074).

(7) Sunay D et, coll. Acupuncture versus paroxetine for the treatment of premature ejaculation: A randomized placebo controlled clinical trial (Abstract 464).


Source : Le Quotidien du Médecin: 8952