Les hommes consultent plus fréquemment à l'heure actuelle, mais certains n’osent toujours pas, par sentiment de honte, ou parce qu’ils pensent que cela va passer ou qu’il n’y a pas de solution thérapeutique.
L’éjaculation prématurée nécessite une consultation spécialisée pour bien cerner la plainte et évaluer la souffrance de l’homme et si possible de sa partenaire ; il faut préciser si l’éjaculation est toujours prématurée ou si elle est variable, si elle est associée à d’autres troubles sexuels ou s’il ne s’agit pas simplement d’une pseudo-éjaculation prématurée, c’est-à-dire une éjaculation normale en durée, mais perçue comme insatisfaisante. Il est essentiel de faire préciser le contexte psycho-sexologique global ; on retrouve souvent des éléments de type anxiodépressifs, des addictions diverses, au tabac, à l’alcool ou au cannabis, utilisés parfois à tort pour retarder l’éjaculation. « L’anxiété joue un rôle majeur mais des hypothèses récentes pourraient également montrer une susceptibilité génétique chez certains hommes », explique le Dr Faix.
Dans trois quarts des cas, surtout chez l’homme jeune, l’éjaculation prématurée est primaire, présente depuis le début de la sexualité. Mais certaines peuvent survenir secondairement, souvent à la suite d’un stress, et s'associent fréquemment à une dysfonction érectile. Rarement, elle peut être liée à une prostatite ou une pathologie thyroïdienne, qu’il faut cependant rechercher. L’examen vérifie l’absence d’anomalie, un phimosis ou une autre malformation, pouvant générer un stress et favoriser l’éjaculation prématurée.
Aucun traitement remboursé
Sur le plan thérapeutique, on dispose d’un traitement médicamenteux, la dapoxétine qui multiplie par 3 à 4 la durée potentielle du rapport sexuel, mais qui doit être pris 1 à 2 heures avant celui-ci ; on peut également recourir à diverses thérapies comportementales de soutien, hypnose, relaxation corporelle, notamment la respiration abdominale, ainsi qu'à des techniques analytiques plus poussées. Le choix dépend du profil psychologique et des souhaits du patient. Certains commenceront par un traitement médicamenteux pour avoir des résultats plus rapides et se tourneront ensuite vers la thérapie comportementale selon les besoins, d’autres souhaiteront se libérer des facteurs anxiogènes et prendront éventuellement le médicament lorsque leur vie sexuelle sera plus stable. La prise en charge est efficace si elle est spécialisée, mais elle peut se heurter à un obstacle financier, aucun traitement, qu’il soit pharmacologique ou comportemental, n’étant remboursé.
D’après un entretien avec le Dr Antoine FAIX, responsable du Comité d'andrologie et de médecine sexuelle de l'Association française d’urologie (AFU), secrétaire général de l'Association interdisciplinaire post-universitaire de sexologie (AIUS).
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