Que proposer dans l'adénome de prostate quand le traitement médical par alpha-bloquants ne suffit plus ? L'embolisation des artères prostatiques (EAP), une technique mini-invasive, se révèle être une approche thérapeutique intéressante en alternative au traitement médicamenteux combiné, selon l'étude française Partem pilotée par l'AP-HP et publiée dans la revue The Lancet Regional Health – Europe.
Les équipes des services de radiologie interventionnelle et d’urologie de l’hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP), de l’Inserm et d’Université Paris Cité ont comparé les effets à moyen terme de l’embolisation des artères prostatiques à ceux d’un traitement médical chez les patients atteints d'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Cet essai de supériorité de phase 3 randomisé, coordonné par le Pr Marc Sapoval et le Pr Nicolas Thiounn, tous deux de l'HEGP, a été financé par le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC).
Des limites au traitement médicamenteux
L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) touche plus de 50 % des hommes de plus de 60 ans. Les traitements médicamenteux disponibles permettent d’améliorer les symptômes des patients, au prix d’un risque élevé d’effets indésirables et donc d’abandon, est-il souligné dans un communiqué de l'AP-HP.
L’objectif de l’étude Partem était de comparer les effets jusqu’à deux ans de ce traitement mini-invasif par rapport au traitement médicamenteux chez des patients porteurs d’un adénome supérieur à 50 g.
Les investigateurs ont inclus 90 patients dans 10 hôpitaux français entre septembre 2016 et février 2020. Tous les patients présentaient des symptômes urinaires gênants mesurés à l’aide du questionnaire IPSS (International Prostatic Symptom Score)*, malgré un traitement par alpha-bloquants seul.
Par tirage au sort (randomisation), la moitié des patients (44) a été traitée par EAP et l’autre (43) par l’association d'un inhibiteur de la 5 alpha-réductase (dutastéride 0,5 mg par jour) et d'un alpha-bloquant (tamsulosine 0,4 mg par jour), un médicament combiné commercialisé.
Une procédure en hospitalisation de jour
À 9 mois, la réduction des symptômes a été plus importante dans le groupe EAP que dans celui médicament combiné. La différence était significative tant cliniquement que statistiquement. Une différence en faveur de l’EAP a également été observée sur les symptômes sexuels. La procédure, réalisable lors d’une hospitalisation de jour, n'a eu que des effets indésirables mineurs dans les suites immédiates.
« Cet essai randomisé positionne donc l’embolisation prostatique comme une alternative crédible à un traitement médicamenteux combiné, chez les patients porteurs d’un adénome de taille modérée à grosse, résistant à un traitement initial par alpha-bloquants », conclut le communiqué.
* Score de 0 à 35 constitué de sept questions sur les difficultés mictionnelles et d'une question sur la qualité de vie, l’IPSS permet d'évaluer les troubles urinaires liés à l'hyperplasie de la prostate.
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