COMME LE RAPPELLENT les recommandations européennes relatives à la prise en charge de l’hypertension artérielle, les effets bénéfiques des traitements antihypertenseurs sur de nombreux critères de jugement rénaux ont été évalués dans plusieurs études dans diverses conditions comme le diabète, la néphropathie diabétique, les néphropathies non diabétiques, ou simplement l’hypertension artérielle (1).
Le contrôle tensionnel dans la population, c’est-à-dire le pourcentage des sujets traités ayant une pression artérielle inférieure à 140/90 mmHg en consultation permet d’évaluer la qualité de la prise en charge des hypertendus, et peut être considéré plus globalement comme le reflet de la performance d’un système de soins.
Le Dr Goodarz Danaei et son équipe ont publié une étude épidémiologique de très grande ampleur, financée par l’Organisation mondiale de la santé et la fondation Bill et Melinda Gates, qui a porté sur 5,4 millions de sujets issus de 199 pays (2). Globalement, entre les années 1980 et 2008, une réduction importante de la pression artérielle systolique moyenne a été observée dans les pays les plus industrialisés.
Les spécialistes aussi…
En France, en 2007, 51 % des hypertendus traités étaient en dessous de la valeur cible de 140/90 mmHg (3). Ce résultat, même s’il nous place dans le peloton de tête des pays européens pour la qualité du contrôle tensionnel, est loin d’être parfait.
C’est pourquoi le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle, la Société française d’hypertension artérielle et la Société française neurovasculaire, avec le soutien de la Direction générale de la santé, ont décidé de faire du contrôle tensionnel un axe prioritaire pour améliorer l’état sanitaire de la population par une diminution du nombre des accidents vasculaires cérébraux, du handicap et de la démence. L’objectif à atteindre est de parvenir à ce que 70 % des hypertendus soient traités et contrôlés en 2015. Cet objectif concerne en premier lieu les omnipraticiens, mais également tous les spécialistes, qui peuvent s’inspirer des sept conseils mis au point pour atteindre l’objectif ainsi fixé pour conseiller le patient ou son médecin traitant.
Il est essentiel de s’assurer du niveau tensionnel en dehors de la consultation. En effet, les recommandations précisent qu’il est nécessaire de « mesurer la pression artérielle (PA) en dehors du cabinet médical pour confirmer l’HTA, avant le début du traitement antihypertenseur, mais aussi lors du suivi de l’hypertendu traité, en particulier lorsque la PA n’est pas contrôlée en consultation ». Les spécialistes, comme tous les professionnels de santé, doivent donc encourager l’usage des méthodes de mesures « non cliniques », mesure ambulatoire ou automesure, ce qui permet de titrer les traitements antihypertenseurs.
La recherche d’une inobservance « doit être active à l’occasion de chaque consultation ». Une question simple comme : « Avez-vous manqué un ou plusieurs de vos traitements depuis la dernière visite ? », permet cette recherche, qui doit également concerner les mesures hygiéno-diététiques, en particulier la consommation de sel et d’alcool.
Une autre idée clé est qu’un seul principe pharmacologique ne permet le contrôle que d’un hypertendu traité sur quatre. En cas d’inefficacité, le passage à une bithérapie sera plus efficace que le doublement de la dose de la monothérapie. Une association fixe est à privilégier, elle permet en effet une prescription simple d’un seul comprimé qui favorise l’observance.
Par ailleurs, il est nécessaire de proposer une trithérapie antihypertensive chez les patients non contrôlés par une bithérapie, ce qui peut concerner jusqu’à 50 % des hypertendus.
Il est également essentiel de rechercher les signes en faveur d’une cause à une hypertension non contrôlée, et cela à tous les stades de la prise en charge.
Le néphrologue peut également être à même de préciser la notion de parcours de soins, les recommandations précisant qu’il faut « privilégier la mesure électronique de la pression artérielle (PA) dans le cadre du diagnostic et du suivi des hypertendus au cabinet médical et en ambulatoire ».
D’après un entretien avec le Pr Xavier Girerd, pôle cœur métabolisme, unité de prévention cardio-vasculaire, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris ; président de la Société française d’hypertension artérielle.
(1) Mancia G, et coll. 2007 Guidelines for the management of arterial hypertension: The Task Force for the Management of Arterial Hypertension of the European Society of Hypertension (ESH) and of the European Society of Cardiology (ESC). Eur Heart J 2007;25(9):1751-62.
(2) Danaei G, et al. National, regional, and global trends in systolic blood pressure since 1980: systematic analysis of health examination surveys and epidemiological studies with 786 country-years and 5·4 million participants. Lancet 2011;377(9765):568-77.
(3) Godet-Mardirossian H, et al. Patterns of hypertension management in France (ENNS 2006-2007). Eur J Prev Cardiolog 2012;19(2):213-30.
Le livret de la campagne est disponible à l’adresse suivante : www.comitehta.org/wp.../cflhta_Obj2015-vDEF-0901-vWEB.pdf
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