Dans les cancers de la prostate hormonosensibles localisés à haut risque de récidive, un renforcement du traitement par privation androgénique et radiothérapie par l’abiratérone améliore très significativement les résultats avec en particulier une augmentation de la survie.
STAMPEDE : moins 40% de risque de décès
L’essai STAMPEDE (1) avait déjà montré un bénéfice en survie sous abiratérone dans les CP hormonosensibles métastatiques. La présentation à l’ESMO s’intéresse cette fois-ci aux CP non métastatiques. Il s’agit de patients à haut risque de récidive (tumeurs localement avancées T3/T4, N+ ou avec un PSA ≥ 40 ng/ml ou en récidive après un traitement local).
Les 1974 patients étaient randomisés pour recevoir le traitement de référence –thérapie de privation androgénique (ADT) pendant trois ans et radiothérapie locale- seul ou en association à l’abiratérone (avec ou sans enzalutamide) pendant deux ans. Après un suivi médian de six ans, l’association avec l’abiratérone améliorait la survie sans métastases (SSM : HR=0,53, p=2,9×10-11), soit à six ans une SSM de 82 % versus 69 %. La survie globale (SG) était également améliorée, avec une réduction de 40% du risque de décès (HR=0,60, p=9,3×10-7), soit 86 % versus 77 % de SG à six ans. A noter que l’ajout de l’enzalutamide n’amenait aucun bénéfice supplémentaire.
Concernant la tolérance, elle était conforme aux autres études menées avec l’abiratérone. « Au vu de ces résultats, cette étude va nous amener à changer les standards thérapeutiques dans les CP à haut risque », explique le Pr Stéphane Culine.
PEACE-1 : une triple association bénéfique
Dans les CP hormonosensibles métastatiques d’emblée, l’étude PEACE-1 (2), coordonnée par UNICANCER, a évalué le plus récent traitement de référence -ADT associé au docetaxel dans la majorité des cas- seul ou en association à l’abiratérone.
La triple thérapie (privation androgénique, docetaxel et abiratérone) améliore la survie sans progression de deux ans et demi. Après un suivi médian de 3,8 ans, on constate dans le bras abiratérone une survie sans progression (SSP) plus que doublée (4,5 versus 2 ans, HR=0,50, p< 0,0001). Le bénéfice sur la SSP était d’autant plus marqué que le volume métastatique était important (SSP de 4,1 ans dans le bras abiratérone versus 1,6 ans, HR=0,47, p< 0,0001). La SG est significativement améliorée puisqu'elle est de 5,7 versus 4,7 ans (HR=0,82, p=0,030). « Cette triple association ADT, docetaxel et abiratérone pourrait devenir la référence dans le traitement de ces CP métastatiques d’emblée chez les patients ayant une masse tumorale de haut volume, les données des patients ayant un faibles volume métastatique n’étant pas matures ». Par ailleurs, il faut bien souligner que si ce « triplet thérapeutique » est une option optimale chez ceux qui peuvent le tolérer, un certain nombre de patients âgés ou vulnérables du fait de comorbidités ne seront pas éligibles à ce type de traitement
Dans le CP, de nouvelles molécules d’hormonothérapies inhibant le récepteur des androgènes sont en développement afin de pallier aux mécanismes de résistance. En termes de stratégie, comme avec l’abiratérone, l’idée est de les utiliser plus tôt dans l’histoire de la maladie. Des études sont donc en cours à des stades plus précoces.
VISION : le 177Lu-PSMA-617 prometteur
L’essai VISION (3) a installé la radiothérapie interne vectorisée 177Lu-PSMA-617 comme nouveau standard thérapeutique dans le cancer de la prostate résistant à la castration, en montrant un bénéfice sur la SG par rapport à une deuxième ligne d’hormonothérapie de nouvelle génération, avec une réduction du risque de décès de 38 %. Les résultats présentés à l’ESMO (4) montraient une amélioration significative de la qualité de vie : augmentation du délai avant détérioration de la qualité de vie, aggravation des douleurs et apparition d’un évènement osseux symptomatique. La tolérance était relativement bonne, avec des effets secondaires connus comme la fatigue, les nausées, vomissements ou la sécheresse buccale. Le traitement par 177Lu-PSMA-617 va s’ajouter aux options thérapeutiques à cette phase de la maladie. Une AMM européenne est à l’étude actuellement.
D’après un entretien avec le Pr Stéphane Culine (oncologue, hôpital Saint-Louis).
(1) Attard G et al., ESMO 2021, abstr. LBA4_PR.
(2) Fizazi K et al., ESMO 2021, abstr LBA5_PR-A.
(3) Sartor O et al, N Engl J Med 2021; 385:1091-1103.
(4) Fizazi K et al., ESMO 2021 abstr. 576M0
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?