PLUSIEURS études observationnelles l’avaient montré. Les partenaires féminines d’hommes circoncis ont un risque abaissé de cancer du col. Mais ces travaux n’étaient pas suffisamment probants. Pour tenter de répondre de manière plus précise à l’interrogation sur la moindre transmission des HPV, et donc du risque de cancer, lorsque le partenaire est circoncis, il fallait un essai contrôlé randomisé. C’est ce qu’a mis en place une équipe américano-ougandaise, Maria J. Wawer et coll. L’étude menée de 2003 à 2006 confirme la notion, mais ne lui attribue qu’une protection partielle.
Des hommes et des femmes, non infectés par le VIH ont été enrôlés dans deux essais contrôlés, randomisés à Rakai (Ouganda). Les hommes ont été répartis en deux groupes, l’un circoncis d’emblée, l’autre au bout de 24 mois (témoins). En ce qui concerne les partenaires féminines, elles étaient 648 pour le groupe circoncis et 597 pour le groupe témoin. Elles recevaient des informations et de quoi réaliser des auto-prélèvements vaginaux, à l’enrôlement, à 12 et à 24 mois. Les infections par papillomavirus faisaient l’objet de l’étude en ce qui concerne leur prévalence et leur incidence.
Au terme des deux ans, les données ont été disponibles pour 544 femmes du groupe circoncis et 488 du groupe témoin. Une infection par un HPV à risque était mise en évidence chez 151 (27,8 %) participantes du premier groupe et 189 (38,7 %) du second. Le rapport des risques est de 0,72. Au cours de l’essai, l’incidence des infections était moindre chez les partenaires d’hommes circoncis, avec 20,7 infections/100 personnes-années, contre 26,9, soit un ratio d’incidence de 0,77.
Un moindre portage viral.
Il est probable, selon les auteurs, que le mécanisme expliquant ces différences repose sur un moindre portage viral par les hommes circoncis. Il a, en effet, été montré une moindre détection de papillomavirus dans l’urètre, le sillon balano-préputial et la hampe chez les hommes circoncis.
Malgré cela le travail connaît quelques limites. Chez 20 % des femmes des deux groupes des prélèvements n’ont pu être obtenus à l’enrôlement, cela agit peu sur les résultats dans la mesure où le taux est similaire dans les deux groupes. Les participants avaient dans l’ensemble une vie de couple stable, réduisant de ce fait le risque de contaminations. La détection des HPV, enfin, n’est pas toujours aisée dans la mesure où des infections antérieures peuvent se réactiver et les prélèvements être de qualité variable.
Dans un éditorial, des médecins américains et espagnols formulent quelques mises en garde. La réduction de risque de contamination n’est après tout que de 25 % ; la survenue de dysplasies cervicales de haut grade n’a pas été évaluée ; l’élimination du HPV 16 était plus basse dans le groupe de partenaires d’hommes circoncis ; plus d’un tiers des participantes des deux groupes étaient porteuses d’un HPV à l’enrôlement ; le rôle de la circoncision dès le début de la vie sexuelle féminine n’a pu être apprécié.
Les auteurs concluent que la protection conférée n’est donc que partielle et que la prévention conserve toute son importance.
Lancet doi:10.10.1016/S0140-6736(10)61967-8.
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