Le traitement de première intention de l’incontinence urinaire d’effort (IUE) de la femme se fonde sur la rééducation périnéale, qui donne de bons résultats dans 50 % des cas. Aucun bilan n’est nécessaire, exception faite d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU) et éventuellement d’une échographie pour vérifier la bonne vidange vésicale. « Il ne faut pas réaliser d’IRM dynamique, qui n’a d’intérêt que dans des situations complexes qui relèvent du spécialiste », insiste le Pr Gamé. La rééducation doit être débutée avec l’aide d’un professionnel, kinésithérapeute ou sage-femme, et suivie d’un traitement d’entretien, qui peut se faire à domicile en utilisant les dispositifs médicaux commercialisés.
En cas d’échec, la femme doit être adressée au spécialiste pour un éventuel geste chirurgical. « Les bandelettes sous-uréthrales sont aujourd’hui très largement proposées. Le taux de complications est de moins de 3 % à deux ans, selon le registre Vigimesh, rappelle le Pr Gamé. La chirurgie classique, notamment les colposuspensions rétropubiennes de type Burch, ne donnent pas de bons résultats à long terme et exposent au risque de rectocèle ».
Lever le tabou
L’incontinence urinaire (IU) reste un sujet tabou. Dans une enquête récente, non publiée, les femmes sont nombreuses à rapporter que leur médecin ne les interroge pas sur les symptômes urinaires. Elles déclarent aussi fréquemment ne pas en parler à leur conjoint, par honte de leur incontinence. « L’IU est encore souvent considérée comme quelque chose de normal et sans recours thérapeutique », déplore le Pr Gamé.
Hyperactivité vésicale et urgenturies, penser cancer de la vessie
Il faut bien différencier l’IUE et l’IU par urgenturies, qui nécessite un bilan paraclinique plus complet afin d’éliminer un cancer de la vessie. Face à une hyperactivité vésicale ou des urgenturies, l’échographie pelvienne et l’ECBU sont systématiques et doivent être complétées par une fibroscopie vésicale chez les fumeurs (et ex-fumeurs) de tabac, de cannabis (au moins aussi délétère) et les personnes ayant été exposées à des carcinogènes, le plus souvent dans un cadre professionnel. L’hyperactivité vésicale, prévue au menu du rapport 2020 de l’AFU, concernerait jusqu’à 17 % de la population. Dans deux tiers des cas, il s'agit de femmes (une sur deux étant atteinte après l’âge de 60 ans).
La tenue d’un catalogue mictionnel peut avoir une valeur thérapeutique, grâce à une reprogrammation mictionnelle. L’IU par urgenturies peut bénéficier d’une rééducation périnéale, longtemps décriée, mais qui connaît un regain d’intérêt depuis les résultats positifs d’une méta-analyse, et de traitements médicamenteux.
Les hommes sont bien moins souvent concernés par l’incontinence que les femmes : 10 % des cas, majoritairement dans un contexte de pathologie neurologique ou après prostatectomie.
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