DU FAIT DU CARACTÈRE chronique et irréversible de l’insuffisance rénale, l’étude de la qualité de vie revêt toute son importance. De nombreux auteurs ont montré que la qualité de vie des insuffisants rénaux chroniques est altérée. Les conséquences de la maladie peuvent être sévères. Elle induit en effet une limitation des activite?s physiques et des restrictions sociales, et le traitement de substitution des contraintes liées au recours plurihebdomadaire au système de soins (1).
La qualité de vie est par ailleurs également en soi un paramètre déterminant de la santé des patients dialysés. En effet, l’e?tude prospective DOPPS (Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study), a montré qu’un faible niveau de qualite? de vie est associé à une augmentation des risques d’hospitalisation et de décès (2).
Afin de de?crire la qualite? de vie des patients atteints d’insuffisance re?nale chronique terminale, traite?s par dialyse depuis au moins un an, mais aussi de tenter de mieux connaître ses déterminants, une étude spécifique a été mise en uvre dans le cadre du système d’information REIN (3). Dans cette étude transversale, un questionnaire auto-administré a ainsi été adressé à un e?chantillon de patients dialyse?s depuis au moins un an. La qualite? de vie a été appréciée en utilisant un questionnaire générique, le Medical Outcome Survey Short Form 36-items (MOS SF-36), et un questionnaire spécifique des atteintes rénales, le Kidney Disease Quality of Life (KDQoL).
Altération de la qualité de vie.
Les scores moyens du SF-36 ont varié de 33,8 pour les limitations dues à l’e?tat physique, à 58,6 pour la vie et les relations avec les autres. Globalement, les scores du SF-36 sont apparus infe?rieurs de plus de 10 points aux valeurs observe?es dans la population ge?ne?rale ame?ricaine et franc?ais Ainsi, la qualite? de vie des insuffisants re?naux chroniques dialysés est altérée par comparaison avec la population générale.
Une analyse multivarie?e a permis de mettre en évidence les facteurs associe?s aux composantes de la qualite? de vie. Cette dernière est apparue moins bonne chez les femmes que chez les hommes, chez les sujets plus âgés, chez ceux qui étaient malades depuis plus de 6 ans et chez ceux qui avaient des comorbidités. Elle était en revanche meilleure chez les patients ayant une albumine?mie e?leve?e. Par ailleurs, les patients en dialyse pe?ritone?ale sont apparus comme ayant une meilleure qualite? de vie que ceux qui étaient he?modialysés. Cette altération de la qualité de vie en cas d’insuffisance rénale avancée a été récemment confirmée (4). Enfin les études montrent que la qualité de vie est améliorée après transplantation rénale pour les patients qui peuvent en bénéficier.
Ainsi, la dialyse rénale est incontestablement un traitement qui a ses contraintes. Néanmoins, les malades gardent dans leur ensemble un comportement psychologique normal. Le soutien de l’entourage familial, du milieu professionnel et le rôle de l’équipe soignante sont essentiels. L’anticipation de la réflexion sur les méthodes de suppléance favorisent le choix entre dialyse et greffe et permet au patient et son entourage de mieux surmonter cette étape difficile de sa maladie.
Références
(1) Blake C, et coll. Physical function, employment and quality of life in end-stage renal disease. J Nephrol 2000 ; 13 (2) : 142-9.
(2) Mapes DL, et coll. Health-related quality of life in the Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study (DOPPS). Am J Kidney Dis 2004 ; 44 (5 Suppl 3) : 54-60.
(3) Boini S, et coll. Surveillance de la qualite? de vie des sujets atteints d’insuffisance re?nale chronique terminale. Rapport qualite? de vie - REIN Volet dialyse 2005.
(4) Abdel-Kader K, et coll. Symptom burden, depression, and quality of life in chronic and end-stage kidney disease. Clin J Am Soc Nephrol 2009 ; 4 (6) : 1057-64.
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