Même si le nombre de transplantations rénales a augmenté ces dernières années - il a « doublé » chez les plus de 60 ans en 10 ans -, la dialyse reste le traitement de suppléance le plus fréquent de l’insuffisance rénale aiguë ou chronique au stade terminal. « L’objectif est d’augmenter le nombre de greffés, qu’il soit supérieur à celui des dialysés », explique le Pr Philippe Brunet, président de la société francophone de dialyse, adjoint chef du service de néphrologie et transplantation, CHU de Marseille, AP-HM. Il est aussi d’améliorer l’accès à la dialyse qui reste inégal selon les départements.
La France compte, chaque année, 150 nouveaux patients dialysés par million d’habitants alors que les États-Unis frôlent les 350 nouveaux patients par million d’habitants. Ces fluctuations sont essentiellement « dues aux différences de proportion des diabétiques et des hypertendus dans la population », explique le Pr Brunet, les deux causes les plus fréquentes de maladie rénale chronique. Des inégalités que l’on retrouve au sein même des régions françaises. Le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine et l’Ile-de-France ont une incidence plus forte que la moyenne nationale, aux alentours de 174 nouveaux patients par millions d’habitants et les DOM-TOM ont des scores « interpellants », puisqu’ils ont entre 250 à 370 nouveaux patients par million d’habitants chaque année. « Là aussi, ce sont des populations dans lesquelles le diabète explose, probablement du fait des modes de vies et des comportements alimentaires », souligne le Pr Brunet.
Facteurs de précarité
Les disparités sont aussi liées à la pauvreté et à la précarité. Dans le Nord-Pas-de-Calais, il existe une superposition entre les zones d’incidence de dialyse les plus fortes et les zones de précarité. « On y observe moins de prévention, plus de facteurs de risque et les comportements nutritionnels sont probablement moins bons que dans les zones de population plus aisées, indique le Pr Brunet, on peut se demander s’il ne faut pas mettre plus de moyen dans certaines zones où on identifie une précarité afin d’avoir une meilleure prise en charge médicale ». La distance entre le domicile et les centres de néphrologie est aussi un facteur de disparité. Afin d’améliorer la prise en charge partout sur le territoire, une campagne de recueil des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IPAQSS) en hémodialyse sera lancée cette année, sous l’égide de la Haute Autorité de la santé (HAS) auprès des 1 200 centres français. L’enquête évaluera notamment la conformité à la circulaire ministérielle de mai 2003 qui demande que tous les établissements de dialyse s’assurent le concours d’une diététicienne, d’une assistance sociale et d’une psychologue. « On espère que ces enquêtes vont permettre d’identifier les disparités, et à terme de les gommer, conclut le Pr Brunet. La publication des résultats devrait avoir un effet stimulant sur les établissements de dialyse. ».
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?