Cette année, le rapport scientifique du Congrès de l’Association française d’urologie (AFU) est dédié aux urgences, des plus fréquentes aux plus rares. Grâce au réseau Oscour qui regroupe plus de 93 % des services d’urgences sur le territoire national, le Pr Romain Boissier de l'hôpital de la conception à Marseille (AP-HM) a pu remonter les données de toutes les urgences urologiques sur cinq ans.
Selon l’enquête, 4,2 % (soit 591 080 passages par an) de l’ensemble des visites aux urgences concernent la sphère urologique pour un taux d’hospitalisation de 25 % (soit 5,4 % de l'ensemble des hospitalisations).
Les urgences les plus fréquentes sont infectieuses (cystites, prostatites, pyélonéphrites…). En seconde ligne, des urgences comme la colique néphrétique ou les rétentions d’urine. « La rétention aiguë d’urine a représenté 62 779 passages aux urgences en 2019, a rapporté le Pr Boissier. Elle touche en majorité les hommes (87 %), d’âge moyen 72 ans et il s’agit de la deuxième urgence urologique chez l’homme. » Le rapport traite de plusieurs points à ce sujet : « l’optimisation du parcours de soins avec des conseils sur l’épreuve de désondage, les alternatives au drainage permanent (autosondages, stent prostatique), les indications de la chirurgie et les gestes à réaliser pour l’éviter dans les suites immédiates d’une rétention aiguë », détaille l'urologue.
Concernant la colique néphrétique, le rapport a évalué la place du paracétamol et des AINS (jamais l’un sans l’autre), de la morphine, mais également des traitements prometteurs comme la lidocaïne ou la kétamine intraveineuse.
Sont aussi abordées des urgences plus rares, comme la cystite emphysémateuse (développement de bactéries gazogènes dans les voies urinaires), la gangrène de Fournier (due à un diabète mal contrôlé dans 32 à 66 % des cas), la pyélonéphrite emphysémateuse, potentiellement mortelle et d’évolution parfois fulgurante. Il convient de les identifier rapidement pour proposer le traitement le plus adéquat.
Signes urinaires : penser à l'endométriose
L’endométriose est une maladie gynécologique, mais pas seulement. Aux côtés du gastroentérologue et du gynécologue, l’urologue est un acteur clé de la prise en charge depuis le dépistage jusqu’à la gestion des éventuelles séquelles urinaires du traitement. La découverte d’une endométriose est souvent faite par le généraliste ou le gynécologue sur la base de signes évocateurs gynécologiques. Mais il faut y penser devant certains troubles urinaires complexes chez une femme jeune : pollakiurie, dysurie, urgenturie, crampes vésicales, douleurs permictionnelles, sensation de vidange incomplète, incontinence urinaire, rétention aiguë…
« Le bon réflexe est de demander une IRM pelvienne qui permettra de visualiser d’éventuels nodules et orienter vers un gynécologue pour un bilan approfondi », a expliqué le Pr Jean-Nicolas Cornu du CHU de Rouen. La prise en charge doit être pluridisciplinaire. Lorsque la maladie est envahissante, le recours à la chirurgie est préconisé. Si des nodules sont localisés dans l’appareil urinaire, l’urologue peut intervenir aux côtés du gynécologue (chirurgie à quatre mains). Plus l’envahissement est important et plus le chirurgien va devoir disséquer autour de la vessie.
Dans un cas sur dix, la patiente est guérie de l'endométriose mais affectée de troubles urinaires, essentiellement des troubles de vidange (rétention urinaire, atonie vésicale, dysurie…). Parfois, ces troubles sont majeurs, contraignant la patiente à s’autosonder. Mais, dans l’immense majorité des cas, les symptômes s’améliorent progressivement et reviennent à la normale au bout d’un an. Dans le cas contraire, une neuromodulation sacrée peut être proposée. Dans tous les cas, le traitement doit être personnalisé.
Quid de la contraception masculine ?
Malgré l’annonce régulière d’une pilule pour homme, cette dernière n’a toujours pas vu le jour. Si socialement l’idée d’une contraception masculine avance, scientifiquement le chemin est encore long avant que celle-ci soit disponible. Le préservatif demeure un bon moyen de contraception à la demande et une barrière efficace contre les infections sexuellement transmissibles.
« En cas de besoin de contraception prolongée, la vasectomie est un moyen sûr mais elle n’est pas toujours réversible (50 à 80 % dans les meilleures séries), a déclaré le Dr Antoine Faix à Montpellier. Elle est autorisée en France depuis 2001. » En cas de doute, l’autoconservation de sperme est possible. En 2019, il y aurait environ 13 000 vasectomies en France, leur nombre est en constante augmentation.
Un dispositif de contraception thermique (slip chauffant) est en cours d’études à Toulouse. À condition de le porter 15 heures par jour, 7 jours sur 7, il serait efficace chez une majorité de patients. La disparition des spermatozoïdes est effective après quatre à six mois. D'autres études, encore préliminaires, sont menées concernant une contraception hormonale (testostérone/progestérone), ou non hormonale (vaccins).
D’après une conférence de presse de l’AFU
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