LE QUOTIDIEN - Quel est le rôle de la Fondation du rein ?
Pr RAYMOND ARDAILLOU - La Fondation du rein, dont le président d’honneur est le comédien Richard Berry, a été créée en 2002. Elle a plusieurs objectifs : financer la recherche dans le domaine des maladies rénales, aider les patients qui en sont atteints, sensibiliser les pouvoirs publics et l’opinion publique sur l’importance de ces pathologies en santé publique et favoriser la prévention et le dépistage.
Quels sont les projets scientifiques et de recherche soutenus par la Fondation ?
Le premier appel d’offres portait sur le syndrome néphrotique, maladie qui atteint essentiellement l’enfant et qui est caractérisée par une albuminurie importante ; elle s’accompagne souvent de troubles de la croissance et peut évoluer vers l’insuffisance rénale chronique. Plus récemment, nous avons créé le prix de la Fondation du rein, de 20 000 euros, qui a été partagé ces deux dernières années. Les lauréats 2008 ont été Emmanuelle Plaisier, récompensée pour la description originale d’une maladie héréditaire résultant d’une mutation du gène codant pour la chaîne alpha 1 du collagène I, et Nassim Kamar, pour ses études sur l’infection par le virus de l’hépatite E observée chez les malades transplantés (Toulouse).
Nous avons lancé cette année deux appels d’offres. Le premier sur la recherche translationnelle, de 112 000 euros, pour financer 3 ou 4 projets. Nous en avons reçu 13, que nous sommes en train d’examiner. Nous savons déjà que nous pourrons en financer 4 car, à la première lecture, ils apparaissent comme d’excellente qualité. Nous lançons d’autre part avec l’AFM (Association française contre les myopathies) et l’AIRG (Association pour l’information et la recherche sur les maladies rénales génétiques (AIRG) un appel d’offres pour encourager les recherches sur la thérapie génique et la thérapie cellulaire dans les maladies rénales. Cet appel d’offres est de 130 000 euros et il pourra être renouvelé trois années de suite.
Le bilan de la Journée mondiale du rein de 2008 a-t-il été concluant ?
De toute évidence, la journée a été à la hauteur de nos attentes ! Après la récolte de fonds obtenus grâce à la soirée de gala, nous avons tenu le lendemain, à l’Académie de médecine, une réunion avec les représentants des malades, puis une session scientifique sur le rôle des maladies rénales comme facteur de risque d’accidents cardio-vasculaires.
Nous avons également lancé en octobre 2008 une campagne de dépistage des maladies rénales, en collaboration avec la FNAIR (Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux) et avec l’aide de laboratoires d’analyse médicale publics et privés, qui ont accepté de rechercher gracieusement des signes de maladies rénales (albumine dans les urines et augmentation de la créatine sanguine) chez les personnes qui se présentaient. Neuf cents laboratoires ont participé à cette campagne de dépistage. Un protocole précis a été suivi afin d’exploiter les résultats dans le cadre d’une étude épidémiologique.
Enfin, nous avons poursuivi la distribution aux patients d’une carte des maladies rénales à 2 volets leur permettant de savoir que faire en cas d’urgence et d’apprendre les principes d’hygiène de vie à respecter. Cette carte a été traduite en italien et en allemand pour être distribuée dans ces deux pays.
Quel est le programme de la journée 2009 ?
Le déroulement sera le même qu’en 2008. Le président de la République a montré son intérêt pour la journée mondiale en lui accordant son haut patronage. Une soirée de gala à a Sorbonne sera ouverte la veille par la ministre de la Santé. Le lendemain matin, à l’Académie de médecine, aura lieu une réunion avec l’INSERM et les associations de malades sur des sujets non abordés en 2008. L’après-midi sera consacrée à l’éducation thérapeutique. Si le malade se prend en charge, le risque de complications est moindre. Dans les maladies rénales, il est dramatique de commencer une dialyse en urgence chez un patient qui n’a pas été préparé. À l’inverse, le passage en dialyse se fait de manière beaucoup plus simple lorsqu’il a été anticipé.
Le thème principal de la journée est l’hypertension artérielle. Comment allez-vous aborder ce sujet ?
Le thème choisi par la Fédération internationale des fondations du rein est l’hypertension artérielle (HTA), mais comme elle est déjà relativement connue, nous avons préféré retenir celui de l’éducation thérapeutique, y compris pour le traitement de l’HTA. Il ne faut pas oublier que l’HTA est le premier facteur d’aggravation de l’insuffisance rénale. La mesure de la tension artérielle fait partie de la routine en consultation et est obligatoire chez les malades à haut risque (obèses, diabétiques, malades cardio-vasculaires et personnes ayant des antécédents familiaux d’HTA ou de maladie rénale). Il faut informer les patients sur les risques qu’ils courent et leur apprendre les techniques d’automesure de la pression artérielle.
Dans une première étape, avant le traitement pharmacologique, on doit essayer de contrôler l’HTA par de simples mesures d’hygiène de vie. En particulier, l’alimentation ne doit pas être trop riche en sel, il est important d’insister sur ce point. Les pouvoirs publics devraient imposer aux fabricants d’indiquer plus souvent la teneur en sel sur les emballages des produits. Actuellement, un Français consomme en moyenne 12 g de sel par jour, alors que l’OMS recommande de ne pas dépasser 6 g. Les chiffres optimaux de la pression artérielle systolique se situent au-dessous de 140 mmHg, même chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Ces valeurs sont plus basses que celles considérées encore récemment comme normales, car les études épidémiologiques ont montré une association entre la fréquence des accidents vasculaires cérébraux et le niveau de pression artérielle systolique. Si on arrive à maintenir la pression artérielle au-dessous de 140 mmHg grâce à une bonne hygiène de vie associant exercice physique, alimentation équilibrée et abandon de la consommation de tabac et de l’abus d’alcool, on peut se passer de médicaments. Sinon, il faudra en prescrire en adaptant à l’âge et au degré d’HTA.
Renseignements : www.fondation-du-rein.org, tél. 01.56.01.65.10.
L’HTA EST LE PREMIER FACTEUR D’AGGRAVATION DE L’INSUFFISANCE RÉNALE
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?