Pour lutter contre la résistance croissante aux antibiotiques à large spectre, accentuée notamment par des prescriptions inadaptées, la Haute Autorité de santé (HAS) encourage le recours aux antibiogrammes ciblés pour les infections urinaires à entérobactéries dans la population féminine, à partir de 12 ans.
Dans une recommandation de bonnes pratiques, réalisée par la société française de microbiologie (SFM) et la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et publiée le 11 octobre, elle incite à limiter l’usage des antibiotiques critiques et à privilégier une antibiothérapie à spectre réduit. Cette première communication sera complétée par des préconisations sur les infections urinaires masculines à entérobactéries chez l’adulte (à partir de 16 ans) et les infections urinaires pédiatriques (filles de moins de 12 ans et garçons de moins de 16 ans).
Des résultats adaptés aux informations cliniques
En France, « environ 125 000 patients sont atteints chaque année d'infections à bactéries résistantes aux antibiotiques, entraînant 5 500 décès », est-il rappelé. Et les infections urinaires sont parmi les principales causes de prescription d'antibiotiques. L’amélioration de la pertinence des prescriptions contre ces infections apparaît comme un levier crucial dans la lutte contre l’antibiorésistance.
Dans les cas d'examens cytobactériologiques des urines (ECBU) positifs aux entérobactéries, l’antibiogramme ciblé permet de guider la prescription. Les informations cliniques fournies par les prescripteurs aux laboratoires, de même que le phénotype de résistance de la souche, permettent d’adapter le rendu des résultats et la liste des antibiotiques recommandés, souligne la HAS. L’antibiogramme complet, utile à la surveillance épidémiologique de l’antibiorésistance, reste « disponible sur demande du prescripteur auprès du laboratoire », est-il précisé.
Trois tableaux décisionnels
Concrètement, trois tableaux décisionnels de rendu sont proposés : en l’absence de renseignements cliniques ; en cas de cystite ; et en cas de pyélonéphrite. Chaque tableau précise la liste des molécules devant figurer dans le compte rendu. « Il est également recommandé de rendre les résultats pour les antibiotiques testés auxquels la souche est catégorisée comme "résistante" », est-il indiqué. Ces tableaux sont complétés de commentaires pour interpréter les résultats et utiliser les antibiotiques de manière appropriée.
Ces commentaires rappellent que tous les cas d'infections urinaires « ne nécessitent pas de traitement antibiotique, en particulier en cas de colonisation bactérienne sans symptômes ». En cas de cystite simple, une antibiothérapie « probabiliste » est recommandée et l’ECBU n’est pas nécessaire. La liste des molécules rendues « inclut les antibiotiques les plus adaptés aux recommandations en vigueur et privilégie les antibiotiques à faible impact écologique », est-il indiqué.
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