Alopécie androgénétique

Trente pour cent des hommes après 30 ans

Publié le 09/06/2009
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L’ALOPÉCIE ANDROGÉNÉTIQUE, « état limite entre la physiologie et la pathogénie » touche en Europe près de 30 % des hommes à partir de l’âge de 30 ans. La fréquence augmente avec l’âge. Les premiers signes révélateurs apparaissent chez 5 % de la population masculine, là où l’hérédité familiale est forte, avant l’âge de 20 ans aux alentours de la puberté. Dans les cas les plus graves, la chute des cheveux peut débuter vers 10-11 ans, dès la puberté surrénalienne.

Cette AAG est liée à une accélération du cycle pilaire, avec miniaturisation du follicule, puis du cheveu. De là, un épuisement prématuré du capital de renouvellement pilaire, notamment sur les zones fronto-temporales et le vertex. Cette perte de cheveux est attribuée à un excès de sensibilité des récepteurs hormonaux aux androgènes : toutefois les taux d’hormones masculines circulantes restent dans la limite de la normale.

Interrogatoire et examen local.

La première démarche à réaliser face à une chute de cheveux, est un interrogatoire et un examen local afin de déterminer s’il s’agit bien d’une AAG. Le praticien par une anamnèse détaillée du trouble interrogera le patient sur son état de santé actuel ou passé, sur des prises de médicaments, sur une hérédité possible d’alopécie, afin d’éliminer les diagnostics différentiels : effluviums télogènes aigus, réactionnels (stress, anesthésie, interventions chirurgicales, fièvre élevée…), les effluviums anagènes secondaires à une radiothérapie, à une chimiothérapie, les pelades diffuses, une trichotillomanie étendue, les alopécies médicamenteuses ou toxiques, la chute des cheveux saisonnière automnale….

La prise en charge de l’AAG chez l’homme est avant tout médicale. Elle consiste classiquement à associer des applications locales biquotidiennes de minoxidil à 5 % à du finastéride à la posologie de 1 mg/jour. Le finastéride, un inhibiteur de la 5 alpha-réductase, permet de réduire le taux de dihydrotestostérone au niveau sanguin et au niveau du cuir chevelu. Différentes études menées avec cette thérapeutique ont montré qu’à deux ans 80 % des sujets âgés de 18 à 41ans, ne perdent plus leurs cheveux, et, pour certains, que leur masse capillaire aurait tendance à augmenter. A cinq ans, chez 60 % des hommes traités, une stabilisation est constatée. Face à cette situation le médecin doit souligner que «  la perte de cheveux ne doit plus être vécue comme une fatalité  ». Quand au traitement associé local, il est doté d’une certaine efficacité.

Mais il faut souligner que ce traitement doit être mis en place à vie, qu’il est donc très onéreux et qu’il n’est pas pris en charge par l’assurance maladie. Si arrêt, la perte du bénéfice survient dans les trois à six mois suivants.

Mise en œuvre précocement, lorsque le patient dispose encore de cheveux fins, le traitement donne d’excellents résultats esthétiques, les cheveux reprennent du volume.

Des voies explorées.

D’autres voies thérapeutiques sont explorées, telles de nouvelles formes galéniques des topiques (mousse pour le minoxidil déjà disponible aux États-Unis depuis un an), des clonages puis des greffes de fibroblastes conjointement à des cellules épidermiques…

En cas de calvitie stabilisée, les greffes de cheveux au niveau des zones dégarnies, permettent une bonne densification si la zone donneuse dans la région occipitale, où sont prélevés les cheveux, est de bonne qualité. Ces greffes donnent des résultats esthétiques meilleurs, si un traitement médical de finastéride et minoxidil est instauré avant la réalisation de la transplantation : l’action du traitement médical portera sur les cheveux non greffés avoisinants, améliorant ainsi l’esthétique du patient.

D’après un entretien avec le Dr Pascal Reygagne (centre Sabouraud, hôpital Saint-Louis Paris).

 Dr Martine DURON-ALIROL

Source : lequotidiendumedecin.fr