Y AURAIT-IL une relation entre l’intelligence et les qualités reproductives de l’homme ? Pour inattendue qu’elle soit a priori, une association semble pourtant exister, d’après une étude conduite chez d’anciens soldats américains de la guerre du Vietnam, entre les performances aux tests d’intelligence et le nombre et la motilité des spermatozoïdes (1).
L’équipe de Rosalind Arden (Institute of Psychiatry, Londres) a cherché à vérifier l’hypothèse selon laquelle les gènes associés à l’intelligence auraient des effets biologiques a priori indépendants des facultés intellectuelles. Une relation avait déjà été découverte entre le QI dans l’enfance et la fonction cardio-vasculaire à l’âge adulte et la longévité. Le raisonnement des chercheurs britanniques est le suivant : s’il existe une relation entre les facultés cognitives et la santé d’une manière générale, alors cette relation devrait s’observer aussi concernant un critère de « bonne santé » qu’on imaginerait mal associé à l’intelligence, à savoir la qualité du sperme.
Or les Britanniques ont découvert une corrélation positive, certes modeste mais suffisante pour être significative, entre l’intelligence et 3 critères de qualité du sperme : la concentration en spermatozoïdes (r = 0,15 en expression log 10, p = 0,002), la numération de spermatozoïdes (r = 0,14, p < 0,001) et la motilité des spermatozoïdes (r = 0,14, p = 0,002).
Ces résultats sont tirés de l’analyse d’échantillons de sperme recueillis en 1985 par les Centers for Disease Control américains chez 425 anciens combattants de la guerre du Vietnam (âge moyen 38 ans, 31-44). Les tests d’intelligence utilisés étaient les tests verbaux et arithmétiques de la Army Classification Battery, les sous-tests Information and Block Design de l’échelle d’intelligence Wechsler adulte (version révisée) et le sous-test de lecture du Wide Range Achievement Test.
Au cours de la vie ftale.
La corrélation positive ainsi mise en évidence était indépendante de l’âge, de l’indice de masse corporelle, de la durée de l’abstinence sexuelle, comme de la consommation d’alcool, de cigarettes, de marijuana ou de drogues dures.
Cette étude conforte donc l’hypothèse du rôle potentiel d’un facteur phénotypique dans la relation observée entre l’intelligence et l’état de santé. Pour le Dr Allan Pacey (andrologue, université de Sheffield), cela suggère l’existence d’un certain parallélisme dans le développement du cerveau et des testicules durant la vie ftale. « Le degré relativement modeste de l’association, ajoute-t-il, exclut toutefois que les facultés intellectuelles aient un impact majeur sur les capacités procréatrices de l’homme ».
(1) R. Arden, L.S. Gottfredson, G.@Miller, A. Pierce. Intelligence and semen quality are correlated. Intelligence, publié en ligne, novembre 2008.
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