SAHOS et toux chronique, un lien mieux compris

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Publié le 15/02/2024
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Si une association entre toux chronique et SAHOS a pu être rapportée, ce constat pourrait s’expliquer non par un lien de causalité entre les deux pathologies mais davantage par un facteur de risque commun comme le surpoids.

De petites cohortes d'une centaine de patients rapportent régulièrement une association entre syndrome d'apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) et toux chronique. « Nous avons donc voulu le vérifier dans une cohorte angevine et toulousaine de 822 patients ayant un SAHOS et, à notre surprise, il n'a été retrouvé que 13,4 % de tousseurs chroniques (toux persistant au moins huit semaines) alors que nous nous attendions à un pourcentage plus élevé », rapporte le Pr Wojciech Trzepizur (pneumologie et médecine du sommeil, CHU Angers). L'association entre SAHOS et toux chronique pourrait donc s'expliquer non pas par un lien de causalité mais par la présence d'un facteur de risque commun, le surpoids, connu pour favoriser les apnées d’une part et le reflux gastro-œsophagien, lui-même pourvoyeur de toux chronique, d’autre part. « De plus, en cas d'apnée obstructive, cela crée des pressions négatives thoraciques qui facilitent le RGO », insiste le Pr Trzepizur.

PPC, un bénéfice collatéral sur la toux

La bonne nouvelle est que la PPC (ventilation à pression positive continue) semble améliorer la toux chronique, peut-être en repoussant le liquide gastrique depuis l'œsophage vers l'estomac. « Des études un peu anciennes réalisées chez des patients avec un RGO important, à qui l'on mettait des sondes pour mesurer le pH dans l'œsophage et comptabiliser le nombre de reflux par heure, avec ou sans PPC, retrouvaient bien un impact majeur de la PPC sur les reflux, et ce, indépendamment de la présence ou de l'absence des SAHOS. Finalement, une toux qui s'améliore sous PPC, c'est peut-être juste un effet collatéral et désirable du traitement des SAHOS ! Faut-il pour autant rechercher un SAHOS chez des patients tousseurs chroniques ? Oui, mais via un dépistage clinique et en recherchant des pauses respiratoires et/ou des ronflements durant le sommeil, une fatigue au réveil, etc., à l'interrogatoire. Il n'y a pas besoin d'enregistrement systématique en l'absence de signes cliniques évocateurs », conclut le Pr Trzepizur.

D’après un entretien avec le Pr Wojciech Trzepizur (pneumologie et médecine du sommeil, CHU Angers)


Source : Le Quotidien du Médecin