Le Canada a légalisé le cannabis

Publié le 20/10/2018

C’était une promesse de campagne du premier ministre Justin Trudeau. La dépénalisation de la consommation du cannabis au Canada est entrée en vigueur le 17 octobre. Le pays devient ainsi la deuxième nation après l’Uruguay (depuis 2013) et le premier du G7 à légaliser officiellement la marijuana. Le Canada a ouvert une brèche qui pourrait faire réfléchir d’autres pays. En France, une trentaine de médecins, élus et écrivains ont signé en juillet dernier une tribune en faveur de la légalisation du cannabis à usage thérapeutique mais la dépénalisation ne semble pas être à l'agenda du gouvernement Macron.  

Le Dr Éric Sauvageau, médecin de famille en Montérégie (Canada), affirme que « puisque la pénalisation du cannabis n’a pas fait baisser son utilisation, et a vraisemblablement produit l’effet inverse, il fallait trouver une autre mesure ». Avant 1923, le cannabis était en vente libre au même titre que les cigarettes outre-atlantique et c’est en interdisant l’héroïne et la codéine, que le ministère canadien de la Santé avait ajouté le cannabis sur sa liste, alors même que sa consommation était insignifiante. Le Canada était alors l’un des premiers au monde à l’avoir pénalisé.

Contrôler la qualité du produit

Revirement de situation en 2015, lorsque Justin Trudeau fait de la légalisation du cannabis un de ses chevaux de bataille dès son élection. La réflexion qui a mené son parti politique à la dépénalisation était motivée par une volonté de supprimer l’économie parallèle ainsi que les millions de dollars générés par la vente illégale d'herbe. La santé des générations futures a également pesé dans la balance puisque 20,6 % des jeunes de 15 à 19 ans rapportaient avoir consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre grimpait alors à 30 % pour les 20-24 ans.

La ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, a d’ailleurs remis les pendules à l’heure en rappelant que la naissance de ce projet de loi était la ferme détermination du gouvernement à réglementer le commerce du cannabis : « Nous ne voulons aucunement inciter les gens à consommer. Notre objectif est de les protéger en leur offrant un produit contrôlé ».

Ouverture à de nouvelles études scientifiques

Malgré ces propos rassurants, des débats houleux secouent le pays depuis l’officialisation de la nouvelle. Le Dr Dominique Lalonde accueille cette mesure avec beaucoup de pragmatisme : « Parmi les centaines de substances actives du cannabis, on en connaît seulement deux, le CBD et le THC. Le cannabis récréatif pourrait permettre la mise en place d’études et déboucher sur des molécules thérapeutiques », précise-t-elle. Et d'ajouter qu’il est temps que de vraies campagnes de santé publique voient le jour au Canada. De nombreuses études ont démontré qu’en dessous de 25 ans, le cannabis peut provoquer des dommages sur le développement cognitif.

Le Dr Sauvageau reconnaît aussi, sous un angle individuel, les effets délétères du cannabis. En revanche, d’un point de vue sociétal, on pourrait en tirer des bénéfices : « En générant des revenus non issus de l'économie souterraine, une partie ira à la prévention et à la recherche. Ce contrôle de la commercialisation permettra aussi de réguler les concentrations des molécules nocives », se félicite-t-il.

En attendant, l’année 2019 va voir arriver de nouvelles réglementations concernant les produits dérivés tels que les crèmes ou les ingrédients comestibles.

Ladane Azernour Bonnefoy (Québec)


Source : lequotidiendumedecin.fr